La quantité de seringues dans l'espace publique aux abords de la salle de consommation à moindre risque située en bordure de l'hôpital de la Lariboisière (AP-HP) a diminué de 60 % depuis son ouverture en octobre dernier. Rue de Maubeuge, ce décompte s’est élevé à un total de 1 078 seringues sur les six mois ayant précédé l’ouverture, d’avril à septembre 2016. Il n’était plus que de 385 seringues, d’octobre 2016 au 15 mars 2017. Parallèlement, la baisse mesurée par JC Decaux dans les sanisettes du quartier est quant à elle de 44 %.
24 200 passages en 5 mois d'activité
Ces chiffres ont été présentés lundi lors de la réunion du comité de pilotage de l’Espace Gaia, qui s'est tenue à l’Hôtel-de-Ville. Ouverte 7 jours sur 7, de 13 h 30 à 20 h 30, la salle a enregistré 24 200 passages pour 550 usagers inscrits, avec une moyenne journalière de 180 passages. L'efficacité de la salle se mesure aussi par la diminution de l’activité de distribution de kits de matériel stérile dans les dispositifs existant alentour. Le personnel de la salle a été amené à traiter des plaies ou des abcès, ou à orienter vers des traitements de substitution 153 usagers. Seuls cinq accompagnements vers les urgences de l’hôpital ont été nécessaires. Par ailleurs, 89 usagers, majoritairement en situation de grande précarité, ont fait l’objet d’un accompagnement social.
Concernant les problèmes de sécurité craints par les riverains, un seul incident est à déplorer depuis l'ouverture de la salle : une rixe impliquant des usagers de la salle intervenue dans la rue Ambroise-Paré, le dimanche 26 février, qui n’a entraîné aucune hospitalisation. À la suite de cet incident et après une intervention rapide des forces de l’ordre et des équipes de Gaïa, la salle a été fermée pendant une journée, et deux usagers ont notamment été exclus pendant plusieurs semaines.
Un regain d'opposition depuis février
Malgré ces bons résultats, on assiste à un certain regain d'opposition de la part d'une frange des riverains, comme l'explique au « Quotidien » la sociologue Marie Jauffret-Roustide, du centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société et chargée de l'évaluation de la salle parisienne. « Entre octobre et janvier, on a observé une diminution de l’opposition à la salle, explique-t-elle. En revanche, des riverains me font part de détériorations de l’espace publique depuis février qu'ils attribuent aux usagers. J’ai reçu la lettre de doléances des riverains, il y a quelques jours et je vais mener des entretiens pour comprendre l'origine de ces plaintes. »
« Au niveau de l'étude ethnographique, le nombre de seringues dans l'espace publique a incontestablement baissé, poursuit Marie Jauffret-Roustide. Mais on observe la présence de traces de consommations comme des flacons de méthadone ou des cartons de kits d’injection, même s'il est impossible de savoir s'ils proviennent de la salle puisqu'on en trouvait déjà avant. »
La chercheuse a pu observer que la frontière entre opposants et partisans de la salle de consommation à moindre risque n'est pas aussi nette qu'on a bien voulu le croire. « Les propos des riverains ont souvent été caricaturés dans la presse : il y a des arguments communs aux deux groupes, analyse-t-elle. Les opposants ne le sont pas pour des raisons idéologiques. Ils sont sensibles à l’intérêt de la salle de consommation, mais ne la veulent pas en bas de chez eux. »
L'équipe de Marie Jauffret-Roustide a par ailleurs commencé à recruter les usagers de l'étude de cohorte sur l'impact des salles de consommations sur l'évolution des pratiques à risque, du parcours de soins, et l'expression des violences et des délits. Les résultats de ce volet seront connus dans deux ans.
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