Rassemblés lundi 14 octobre à Paris pour le sommet de la vape 2019, les médecins et chercheurs militant pour la cigarette électronique tentent de lutter, études scientifiques à l’appui, contre le « bad buzz » subi par la e-cigarette. « La cigarette électronique est, par définition, plus sûre que la cigarette classique, alors qu’il y a une tendance croissante dans la population à penser qu’elle est plus dangereuse », affirme le Dr Lion Shahab, de l’University College of London, venu présenter une overview sur les risques individuels chez les consommateurs de tabac et chez les vapoteurs.
Si le recul vis-à-vis de la cigarette électronique n’est pas suffisant pour démontrer qu’elle est associée à un risque plus faible de cancer, de maladies cardiovasculaires ou de décès, il existe néanmoins des données de plus en plus solides concernant plusieurs biomarqueurs : NNAL, le 1-HOP, le 3-HPMA, et le monoxyde de carbone.
Une importante réduction du taux des biomarqueurs spécifiques
Le NNAL, où 4-(méthylnitrosamino)-1- (3-pyridyl)-1-butanol, est un marqueur d’exposition pulmonaire aux N-nitrosamines (1), des composés qualifiés de cancérigènes par le centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Sa concentration dans la salive, le plasma ou les urines est 50 à 150 fois plus importante chez un fumeur quotidien que chez un non-fumeur.
Selon les données de 10 études (658 patients) compilées par le Dr Shahab, les consommateurs exclusifs de cigarettes électroniques ont des concentrations sanguines, salivaires ou urinaires de NNAL 91,4 % plus faible que celles observées chez des fumeurs (plusieurs cigarettes par jour pendant plusieurs mois consécutifs).
Le 1-hydroxypyrène (1-HOP) est, quant à lui, un marqueur d’exposition aux membres de la famille des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ces derniers sont classés cancérigènes avérés ou probables (2). La fumée de cigarette contient un mélange de HAP, dont 10 % environ sont des cancérogènes admis.
Les données de 3 études (271 patients) soulignent une diminution de 57,6 % du taux urinaire de 1-HOP chez les consommateurs de cigarettes électroniques (entre 0,35 et 0,40 pmol/ml selon les études) en comparaison au taux observé chez les fumeurs (entre 80 et 90 pmol/ml). « La moyenne retrouvée chez les utilisateurs de cigarette électronique est proche de celle mesurée par les enquêtes en population générale », poursuit le Dr Shahab, qui rappelle l’importance de l’exposition environnementale.
Les données de la littérature font également état d’une diminution significative des taux plasmatiques de marqueurs moins spécifiques de l’exposition à la fumée de cigarette : le 3-HPMA (biomarqueur de l’exposition aux acroléines) et le monoxyde d’azote.
Le Dr Shahab reconnaît l’hétérogénéité des sources : certaines études sont transversales, d’autres ne portent que sur d’anciens fumeurs de cigarettes, et toutes ne sont pas prospectives. « Nous avons tout de même un ensemble croissant d’indices en faveur d’une moindre dangerosité individuelle de la cigarette électronique », conclut-il.
Le 7 octobre dernier, une étude parue dans les « PNAS » (3) montrait, chez la souris, un doublement du risque d’adénocarcinomes et de cancers de la vessie ‒ 22 % contre 11 % ‒ au terme de 54 semaines d’exposition, à raison de 4 heures d’inhalation par jour. Des données qui ne convainquent pas le Dr Shahab : « de tels niveaux d’exposition ne sont pas compatibles avec ce qui est observé en clinique », argumente-t-il.
(1) IARC monographs on the indentification of carcinogenic hazards to humans, Volume 89(2007) Smokeless Tobacco and Some Tobacco-specific N-Nitrosamines
(2) IARC monographs on the indentification of carcinogenic hazards to humans, Volume 103(2013) Bitumens and Bitumen Emissions, and some N- and S-Heterocyclic Aromatic Hydrocarbons
(3) Moon-shong Tang et al, PNAS, DOI : https://doi.org/10.1073/pnas.1911321116 7 octobre 2019
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