La fédération a manifesté son mécontentement suite à la prise de position de l’Académie de médecine sur les traitements de substitution aux opiacés.
Les Académiciens soutenaient en effet que la méthadone doit être prescrite en première intention en raison du risque de détournement du Subutex. Ils estimaient par ailleurs que les génériques du Subutex ou d’autres produits comme la Suboxone devaient être privilégiés car plus difficilement détournables.
Tous les patients ne peuvent pas commencer par la méthadone
« La méthadone en première ligne n’est pas compatible avec le modèle français qui veut que l’on prescrive la méthadone en centre spécialisé (CSAPA) et la buprénorphine en médecine de ville, explique le Dr Xavier Aknine responsable du groupe MG addiction au sein de la fédération addiction, on ne peut pas démarrer le traitement de tous les patients par la méthadone, car tous ne souhaitent ou ne peuvent pas se rendre dans les CSAPA qui ne sont, du reste, pas assez nombreux. »
Pour la fédération addiction, les estimations avancées par les Prs Jean Costentin, Jean-Pierre Goullé et Gérard Dubois concernant l’ampleur du détournement de Subutex en France - 250 millions -, sont très largement exagérées. « D’où vient ce chiffre qui ferait des 110 000 patients actuellement traités des fraudeurs, et de leurs médecins et pharmaciens des complices » questionne la fédération ?
Pour sa part, le Dr Aknine dénonce « une méconnaissance flagrante du travail des médecins généralistes expérimentés en addictologie qui reconnaissent facilement les obstructions veinolymphatiques des doigts, ou syndrome de Popeye caractéristique des patients qui s’injectent du Subutex. Nous savons donc très bien repérer les patients qui détournent et qui ont besoin d’être orientés vers un CSAPA. »
Une vision simpliste
« La vision de l’Académie est simpliste, poursuit le Dr Aknine. C’est comme si, pour eux, les solutions se limitaient au Subutex et à la méthadone. Notre éventail est bien plus large : il y a aussi les sulfates de morphine, prescrits hors AMM pour le moment. » Un autre « nouveau » produit de substitution actuellement à l’étude est la buprénorphine injectable. La DGS a récemment donné son accord pour un essai supervisé à Marseille par Perrine Roux, du laboratoire du Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale (SESSTIM). Cette nouvelle option sera destinée aux patients injecteurs chez qui les formes orales ne fonctionnent pas.
Le groupe MG addiction souhaite également que l’on ouvre au plus vite la prescription de méthadone aux médecins généralistes. Suite aux résultats de l’étude Méthaville sur la prescription de méthadone par les médecins généralistes, un dossier est en cours d’instruction à la direction générale de la santé (DGS) qui doit rédiger une convention type entre les médecins généralistes et les caisses d’assurance-maladie. La DGS doit aussi régler la question du financement des analyses toxicologiques nécessaires avant l’initiation d’un tel traitement de substitution.
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