L’EXPOSITION à des contextes ou à des stimuli environnementaux précédemment associés à la prise d’héroïne provoque souvent la rechute chez les toxicomanes, un phénomène également observé sur les modèles de rongeurs.
Une équipe dirigée par le Dr Yavin Shaham, du National Institute on Drug Abuse (NIH, Baltimore), a examiné quel rôle pouvaient jouer la partie ventrale et la partie dorsale du cortex préfrontal médian (CPFm) dans la rechute contextuelle de la prise d’héroïne. En effet, de récentes études chez des rats dépendants à la cocaïne ont suggéré que les régions ventrale et dorsale du CPFm jouent des rôles opposés dans la rechute - la région ventrale inhibant la rechute, tandis que la région dorsale la facilite.
Les chercheurs ont entraîné des rats à s’auto-administrer de l’héroïne dans un environnement. Puis, ils ont été placés dans un autre environnement sans héroïne. Après extinction du comportement addictif, ils ont été replacés dans l’environnement de prise de drogue. Les rats ont alors présenté un comportement de recherche d’héroïne.
Diminuer les rechutes induites par l’environnement.
En examinant les cerveaux des rongeurs, les chercheurs ont identifié un petit groupe de neurones dans le cortex préfrontal ventromédian qui était activé par le contexte environnemental associé à l’héroïne. Leur inactivation pharmacologique ou génétique (Daun02) a eu pour effet de diminuer les rechutes induites par l’environnement.
« Le premier point important est que nous avons montré pour la première fois une relation de cause à effet entre l’activation d’ensembles neuronaux et une réponse comportementale à des signaux de récompense », explique au « Quotidien » le Dr Shaham. « Le concept d’ensembles neuronaux et leur rôle joué dans le contrôle des comportements acquis ne sont pas nouveaux. Mais les ensembles neuronaux ont été traditionnellement étudiés avec des méthodes qui ne permettaient pas d’établir leur rôle causal dans l’apprentissage et la motivation. »
« Le second point important est que, si l’on compare nos résultats aux précédentes données neuroanatomiques des études utilisant la cocaïne, il apparaît que différents circuits et sites cérébraux gouvernent la rechute contextuelle de la prise d’héroïne, par rapport à la rechute de la prise de cocaïne. C’est un résultat surprenant et inattendu de notre travail. »
« La principale implication clinique est que, chez les humains, la rechute de la toxicomanie provoquée par des stimuli environnementaux précédemment associés à l’usage d’héroïne ou de cocaïne est probablement contrôlée par différents circuits cérébraux. En conséquence, de futurs médicaments capables de diminuer potentiellement le besoin impérieux d’héroïne et la rechute provoquée par l’exposition à un environnement associé à l’héroïne, pourraient ne pas être efficaces contre le besoin impérieux de cocaïne et la rechute provoquée par des indices environnementaux associés à la cocaïne. »
Nature Neuroscience 20 février 2011, Bossert et coll., DOI: 10.1038/nn.2758.
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