« Près de 15 000 cas de cancers pourraient être évités en France chaque année par l'amélioration des conditions de vie et la promotion de la santé des populations les plus défavorisées », affirment Joséphine Bryere (Unité INSERM-UCBN Cancer et préventions) et ses collègues du réseau des registres des cancers (FRANCIM) dans une étude parue ce mardi dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ».
Les auteurs se sont appuyés sur les registres de cancers français, couvrant 16 départements, soit 12 millions d'individus (20 % de la population française). Ils ont étudié les données de 15 tumeurs solides et des 3 hémopathies malignes les plus fréquentes. En tout, 189 144 cas de cancer ont été inclus dans l'analyse. L'environnement socio-économique des patients était évalué en fonction de l'indice européen agrégé de défavorisation sociale (EDI).
La survenue d'une tumeur solide de l'estomac, du foie, des lèvres-bouche-pharynx et du poumon était associée avec un environnement socio-économique dégradé chez les femmes et chez les hommes. Chez les femmes, cette relation était également observée pour le cancer du col de l'utérus, pour lequel la généralisation du dépistage organisé est prévue pour début 2018. Une association positive entre un mauvais environnement socio-économique et risques de cancer du larynx, de l'œsophage et du pancréas n'était pour sa part observée que chez les hommes.
Le mélanome, un cancer de riche
Le phénomène inverse est également parfois observé, comme dans le cas du mélanome dont l'incidence est plus grande chez les patients des deux sexes ayant un environnement socio-économique favorable. Par ailleurs, les hommes ayant un bon environnement socio-économique sont plus à risque de cancer de la prostate et du testicule, tandis que les femmes ayant un bon environnement socio-économique sont plus à risque de cancer de l'ovaire et du sein que celles ayant un environnement socio-économique dégradé. La détermination sociale de certains facteurs de risque comme la consommation tabagique, les expositions professionnelles ou aux polluants atmosphériques expliquent sans doute une partie importante des différences observées.
Les surrisques de cancer de la prostate et du sein des populations les plus favorisées peuvent s'expliquer par la meilleure adhérence au dépistage, et au surdiagnostic qui lui est lié. En ce qui concerne les cancers de l'ovaire, du testicule et le mélanome, « il reste à déterminer, parmi les facteurs de risque de ces cancers, ceux dont la détermination sociale explique ces différences », estiment les auteurs.
Les auteurs ont également mesuré la part des cancers attribuables à la défavorisation sociale. C'est le cas de 30,1 % des cancers du larynx, de 26,6 % des cancers des lèvres-bouches-pharynx et de 19,9 % des cancers du poumon chez l'homme, et de 22,7 % des cancers des lèvres-bouches-pharynx et de 21,1 % des cancers de l'utérus chez les femmes.
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