Pour Thierry Breton, directeur général de l’Institut national du cancer (INCa), le 3e plan cancer (2014-2019), qui contenait plus de 220 actions axées sur trois thématiques – guérir plus de personnes malades, préserver la continuité et la qualité de vie et investir dans la prévention et la recherche – est un succès puisque réalisé à 90 % dès la fin 2019.
Ces résultats positifs ont d’ailleurs été confirmés par une mission d’évaluation conjointe de l’Inspection générale des affaires sociales et de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche.
Parmi les avancées majeures, il convient de citer la mise en œuvre du droit à l’oubli qui permet aux anciens patients de faire à nouveau des projets de vie par exemple dans l’immobilier, là où certaines obligations administratives (déclaration de maladie) étaient hier prohibitives pour emprunter.
L'accès à l'innovation favorisé
Concernant la recherche clinique et fondamentale, elle a été restructurée avec la mise en œuvre de programmes pour faire avancer la connaissance en oncologie et offrir aux patients en échec thérapeutique des molécules innovantes dans un cadre sécurisé. En témoigne le programme AcSé (Accès sécurisé aux thérapies innovantes). Le renforcement des capacités de huit sites français de recherche intégrée sur le cancer (SIRIC) spécialisés dans la recherche fondamentale et translationnelle a permis à ces institutions d’acquérir une renommée internationale. Au vu des chiffres de mortalité par cancer attribués à la cigarette (45 000 par an sur 75 000 toutes pathologies confondues), le programme de lutte contre le tabagisme a été mis en place avec des résultats notables sur la baisse des consommations.
Dans le domaine du soin, l’essor de la médecine de précision via l’immunothérapie et les thérapies ciblées a été spectaculaire grâce aux 28 plateformes de génétique moléculaire et aux consultations d’oncogénétique mises en place par l’INCa. La chirurgie ambulatoire a également fait l’objet d’une forte mobilisation de l’Institut de même que les cancers pédiatriques avec la création d’une « task force » visant à accélérer la recherche
À cela s’ajoutent des recommandations sur les bonnes pratiques et des guides sur les stratégies thérapeutiques, élaborés par les sociétés savantes et destinés aux professionnels de santé. « Le 3e plan cancer, dont le montant s’est élevé à environ 1 milliard 600 000 euros, a rencontré peu d’obstacles pour sa mise en œuvre », s’est réjoui Thierry Breton.
La stratégie 2021-2031 : nouveau timing, nouveaux défis
La nouvelle stratégie de lutte contre le cancer, qui a fait l’objet d’une consultation citoyenne en septembre, se veut plus ambitieuse. Avec des objectifs qui ciblent des situations identifiées « en échec » par rapport aux résultats des plans cancer précédents. D’une durée de dix ans et non de cinq, cette stratégie s’articule autour de trois thématiques, avec en premier lieu : la prévention. « Il n’y aura pas de réduction du poids du cancer sans une prévention réussie », précise Thierry Breton. Et d’ajouter : « on estime que chaque année, 40 % des cancers sont attribuables à des facteurs de risques évitables ». De nombreux programmes de dépistage et de prévention, comme la lutte contre tabagisme, existent déjà mais il faut « aller encore plus loin si l’on veut atteindre les objectifs fixés », insiste-t-il.
Autre priorité, la réduction des séquelles. Celles-ci sont connues pour être très prégnantes en cancérologie. Un effort de recherche sera engagé pour définir des stratégies thérapeutiques moins invalidantes, des logiques de désescalade thérapeutique et une meilleure identification des effets secondaires de ces séquelles.
Enfin, la lutte contre les cancers de mauvais pronostic – au premier rang desquels se situent le cancer du pancréas, le cancer du poumon et certains cancers du sein – se verra attribuer davantage de moyens pour faire avancer la recherche et améliorer le taux de survie de manière significative. Thierry Breton est confiant dans la force de cette stratégie décennale qui fait consensus dans la communauté de la cancérologie et qui a été approuvé à l’unanimité par le Conseil d’administration de l’INCa fin novembre 2020. « Le seul risque, confie-t-il, serait une mobilisation insuffisante des acteurs de santé ainsi que de celle de nos concitoyens concernant les mesures préventives ». D’où la nécessité de mettre en place un environnement favorable aux changements de comportement et un accompagnement exemplaire.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024