Initiative en Essonne

À Bligny, un casque de réalité virtuelle séduit soignants et patients

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Publié le 14/03/2025
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Le 4 février dernier, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, le Centre Hospitalier de Bligny (Essonne) a proposé à tous les patients atteints de cancer une séance avec un dispositif médical de réalité virtuelle afin de leur faire découvrir un nouveau moyen de réduire douleurs et anxiété.

Douleur, anxiété… le casque offre de multiples possibilités d’utilisation

Douleur, anxiété… le casque offre de multiples possibilités d’utilisation
Crédit photo : DR

Développé pour et avec des patients, sous l’expertise d’un comité scientifique composé de médecins oncologues et hématologues de la clinique Victor Hugo (Le Mans) afin d’améliorer la tolérance aux soins difficiles, le casque de réalité virtuelle Bliss a été introduit dans les services d’oncologie du CH de Bligny en avril 2019 à l’occasion de l’évènement Supporters, organisé par l’Association française des soins oncologiques de supports. « Ce dispositif présente plusieurs atouts, souligne Céline Bernier, responsable qualité du Centre de coordination en cancérologie (3C) Sud-Ile-de-France. Il a une fonction antalgique, qui permet de réduire, voire de supprimer la douleur ou encore de mieux vivre certains soins, comme un pansement difficile. Et il a aussi une fonction anxiolytique, qui permet de diminuer le stress et l’anxiété des patients. »

Pour permettre à ces derniers de s’éloigner en pensée des contraintes de l’hôpital, le casque propose deux types d’univers immersifs. Le premier, visuel totalement imaginaire en trois dimensions, associé à un effet sonore enveloppant, emmène la personne dans une forêt, une prairie, en bord de mer ou dans l’espace. « Ces images permettent aux patients de laisser place à leur propre interprétation et de se détacher durant un moment du monde réel, dont les représentations peuvent parfois faire référence à des souvenirs pénibles. Un arbre peut rappeler une chute ou un accident par exemple. En cas de douleurs, nous recommandons aux patients de privilégier les univers imaginaires. Différentes musiques complètent le dispositif : des sons naturels et des compositions musicales ont ainsi été spécifiquement créés, dans l’objectif de rythmer la respiration et d’apporter un apaisement rapide aux patients », poursuit Céline Bernier.

Plusieurs mondes « réels » sont toutefois venus enrichir le dispositif Bliss, afin d’emmener celles et ceux qui le souhaitent au cœur, cette fois-ci, d’une « vraie » savane ou d’un réel bord de mer.

Accompagnement soignant

Le casque, léger, peut être utilisé en position allongée sur le dos ou sur le ventre, ou en position assise avec différentes inclinaisons. Il n’est en revanche pas recommandé de rester debout, afin d’éviter pertes d’équilibre ou vertiges. La durée d’utilisation est variable, généralement une vingtaine de minutes, mais elle est adaptée à la durée des soins ainsi qu’aux besoins de chaque patient.

À Bligny, tous les soignants ont été formés à l’utilisation du casque Bliss. Cadres de santé, infirmiers, médecins et aides-soignants sont donc habilités à le mettre en place et à expliquer son fonctionnement. « Le choix du monde dans lequel le patient souhaite être plongé s’effectue très simplement, avec le mouvement des yeux. Le dispositif est très facile d’utilisation, même pour des personnes âgées, moins familières des outils numériques », témoigne la responsable Qualité du 3C Sud-Ile-de-France.

Déploiement

Initialement proposé en oncologie pour lutter contre certains effets indésirables de la chimiothérapie, les nausées par exemple, le casque a vu son usage considérablement élargi dans cette spécialité — pour combattre le stress en cas de prélèvement sanguin compliqué par exemple — et il est également mis à la disposition d’autres services, comme la pneumologie ou la cardiologie.

Cadre des services de réadaptation cardiaque et réhabilitation respiratoire, Élias Mezher témoigne de retours extrêmement positifs. « Tous les patients mentionnent un bénéfice et certains le réclament quasi quotidiennement. Dans mon service, il permet de gérer l’anxiété et le stress, que ce soit en post-chirurgie ou après un événement cardiaque grave, qui peut être vécu comme un choc post-traumatique, compte tenu de la soudaineté de l’évènement. J’y recours également à l’hôpital de jour. Je reconnais que lorsque j’ai testé le casque, j’ai moi-même été immédiatement séduit. »

Le dispositif est aussi couramment mobilisé en fin de journée ou la nuit pour aider certains patients à trouver le sommeil. « Nous sommes très attentifs à toutes les solutions non médicamenteuses qui peuvent favoriser un sommeil réparateur », poursuit Élias Mezher.

« Le Centre Hospitalier de Bligny a à cœur d’accompagner ses patients en proposant aussi des dispositifs offrant une alternative à la prise de médicaments, complète Céline Bernier. Une cellule dédiée a d’ailleurs été créée, au sein de laquelle les soignants travaillent sur toutes les thérapies non médicamenteuses. Elles font partie intégrante de la prise en charge des patients. » Le CH vient d’ailleurs de lancer un appel aux dons pour acquérir deux casques Bliss supplémentaires, l’un pour la cardiologie, et l’autre pour l’hématologie et le service oncologie/soins de suite.

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Hélène Delmotte

Source : lequotidiendumedecin.fr