« Il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer, même après un diagnostic de cancer », indique au « Quotidien » Mahdi Sheikh du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), premier auteur d'une étude sur le sujet parue dans « Annals of Internal Medicine ». « Le bénéfice que nous rapportons dans le cancer du poumon à petites cellules est énorme. Les programmes d'aide d'arrêt du tabac doivent faire partie intégrante des soins chez les patients atteints de cancer », plaide-t-il.
Cette étude observationnelle a inclus 517 fumeurs diagnostiqués à un stade précoce (IA à IIIA) de cancer du poumon à petites cellules en Russie entre 2007 et 2016. Ils ont été suivis pendant sept ans en moyenne. Parmi eux, 220 (42,5 %) ont arrêté de fumer après le diagnostic, la plupart (71,3 %) rapidement après, avant d'avoir reçu les premiers traitements. Seuls huit ont recommencé à fumer au cours du suivi.
Le risque de mortalité globale réduit de 33 %
L'étude montre un gain de près de 2 ans en termes de survie globale pour les patients ayant arrêté de fumer, avec une durée médiane de 21,6 mois plus élevée chez ces derniers par rapport à ceux qui ont continué de fumer (6,6 versus 4,8 ans).
De plus, chez les patients qui ont arrêté de fumer, le risque de mortalité toutes causes était réduit de 33 % par rapport à celui rapporté chez les patients ayant continué de fumer, et le risque de mortalité par cancer de 25 %. L'arrêt du tabac est aussi bénéfique sur la progression de la maladie, avec une réduction de 30 % du risque.
Les effets protecteurs de l'arrêt du tabac ont été mis en évidence quel que soit le stade de la maladie, aussi bien chez les petits que chez les gros fumeurs. De même, l'effet a été observé à la fois chez les patients qui ont reçu une chimiothérapie ou de la radiothérapie et chez ceux qui n'en ont pas eu.
Les médecins, un rôle à jouer tout au long de la prise en charge
« Le bénéfice de l'arrêt du tabac chez les patients avec un diagnostic de cancer du poumon est suggéré depuis 30 ans, mais la plupart des données proviennent d'études rétrospectives, qui ont évalué le tabagisme à un moment donné seulement et avec un suivi court », souligne Mahdi Sheikh. Pour obtenir une puissance statistique suffisante, cette nouvelle étude prospective a été menée sur un plus large échantillon de patients et avec un suivi plus long. Et chaque année, leur consommation de tabac a été évaluée, tout comme l'évolution de la maladie.
« Cela nous a permis d'apporter des preuves solides du bénéfice de l'arrêt du tabac chez ces patients », résume le chercheur. C'est pourquoi, à tout moment de la prise en charge, les médecins devraient davantage encourager leurs patients à arrêter de fumer et surtout les soutenir dans cette démarche, estime-t-il.
Une des limitations de l'étude néanmoins est le fait que le tabagisme a été autorapporté par les patients et non évalué objectivement. « Nous avons utilisé des méthodes statistiques puissantes pour contrôler les biais, ce qui n'aurait pas pu être fait avec un petit échantillon de patients », souligne Mahdi Sheikh.
Le chercheur et son équipe poursuivent leurs travaux. « Nous ne comprenons pas encore tous les mécanismes en jeu. Nous voulons étudier ce qu'il se passe dans le corps, et c'est pourquoi nous avons collecté des échantillons sanguins des patients pour identifier des biomarqueurs », explique-t-il.
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