Première présentation de la session plénière du congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO, 4 au 8 juin 2021), l’étude de phase 3 Olympia (1) a évalué l’olaparib en traitement adjuvant chez 1 836 patientes ayant un cancer du sein présentant une mutation BRCA (72 % BRCA1, 28 % BRCA2). Il s’agissait de patientes à haut risque, dont 82 % étaient triple négatives (HER2 et récepteurs hormonaux [RH] négatifs) et 18 % HER2 négatives et hormonodépendantes (RH ≥ 1 %). Parmi elles, 38 % étaient ménopausées.Préalablement traitées par chimiothérapie néoadjuvante (50 %) ou adjuvante (50 %), elles ont reçu pendant un an par voie orale soit l’olaparib, soit un placebo. L’objectif principal de l’essai était la diminution des rechutes invasives, graves ou létales.
Vers un nouveau standard de traitement
À trois ans, la survie sans maladie invasive (locale et à distance) passe de 77,1 % sous placebo à 85,9 % avec l’olaparib (HR = 0,58, p < 0,0001), réduisant ainsi de 42 % le risque de récidive invasive ou de décès. « On réduit non seulement le risque de rechute locale, mais aussi celui de développer d’autres cancers liés à une mutation BRCA, tels que les tumeurs de l’ovaire », observe le Pr Benoît You (Hospices civils de Lyon).
De plus, la survie à trois ans sans maladie à distance atteint 87,5 % avec l’olaparib, contre 80,4 % sous placebo (HR = 0,57, p < 0,0001), soit une réduction de 43 % du risque de métastases ou de décès. Malgré une tendance favorable à l’olaparib après un suivi de 2,5 ans, le bénéfice en survie globale n’était pas significatif. Mais le suivi en aveugle se poursuit…
Concernant le profil de tolérance, « on retrouve essentiellement des effets indésirables de types digestifs (nausées, vomissements) et hématologiques (anémie, neutropénie) », observe le Pr You, en plus de la fatigue. Quant aux effets secondaires sévères (grade ≥ 3), le taux s’élevait à 24,3 % sous olaparib (versus 11,3 % sous placebo). En revanche, « nous n’avons pas observé de toxicités graves à long terme sous olaparib : pas plus de myélodysplasie ou de leucémie myéloïde aiguë, ni de second cancer », relève le Dr Olivier Trédan (centre Léon Bérard, Lyon).
« C’est un nouveau standard de traitement qui devrait arriver dans notre arsenal thérapeutique », ajoute-t-il. Selon le laboratoire AstraZeneca, une demande d’extension d’indication va être déposée auprès des autorités de santé européennes.
Sélection précoce des patientes
« Il faudra identifier les patientes avec mutation BRCA1/2 très précocement, dès la chirurgie, afin de pouvoir prescrire l’olaparib à la suite de la chimiothérapie s’il existe cette mutation constitutionnelle, souligne le Dr Trédan. Il convient de cibler les patientes jeunes, avec des antécédents familiaux et des cancers agressifs triple négatifs liés à la mutation BRCA1. Il faudra aussi sélectionner les patientes avec mutation BRCA2, dont les tumeurs sont plutôt hormono-sensibles (RH+) ».
Ainsi, dans les cancers triple négatifs BRCA mutés, l’olaparib pourrait être administré en adjuvant s’il reste sur la pièce opératoire des cellules tumorales chez les patientes traitées par chimiothérapie néoadjuvante, ou en cas de tumeurs de plus de 2 cm ou de ganglions envahis pour celles ayant reçu une chimiothérapie postopératoire. Quant aux patientes hormonosensibles (et HER2-) BRCA mutées, elles recevraient l’olaparib combiné à l’hormonothérapie en présence de cellules tumorales et de facteur de risque lors de la chirurgie malgré une chimiothérapie néoadjuvante, ou à partir de quatre ganglions envahis dans le cas d’une chimiothérapie adjuvante. « Ce sera un grand progrès pour la prise en charge de nos patientes à haut risque, conclut le Pr You. Nous avons l’espoir que la réduction du risque de rechute augmente leurs chances de guérison ».
D’après la session plénière de l’ASCO, les conférences de presse d’Unicancer et d’AstraZeneca
(1) A.N.J. Tutt et al, NEJM, 2021. doi:10.1056/NEJMoa2105215.
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