Plusieurs études prometteuses ont été présentées au 45ème Congrès de l’ASCO, notamment l’étude REVEL concernant l’association docétaxel/ramucirumab dans le cancer du poumon non à petites cellules.
1 253 patients ont été aléatoirement répartis entre un groupe bithérapie et un groupe recevant le docétaxel et un placebo. 22,9 % des patients du groupe bithérapie ont répondu au traitement contre 13,6 % dans le groupe contrôle. La survie globale a été de 10,5 mois dans le groupe sous bithérapie contre 9,1 mois dans le groupe sous docétaxel seul. La médiane de survie sans progression était également significativement améliorée : 4,5 mois dans le groupe traité par la bithérapie contre 3 mois dans le groupe contrôle. Il a cependant été observé plus de neutropénie (34,9 % contre 28 %), d’asthénie (11,3 % contre 8,1 %) et de pneumonie dans le groupe recevant le docétaxel et le ramucirumab.
Le crizotinib efficace chez les patients ROS 1 positifs
Le crizotinib (Xalkori, Pfizer) est indiqué en France dans le traitement de deuxième ligne du cancer bronchique non à petites cellules. Il cible le récepteur de la tyrosine kinase exprimé par le lymphome anaplasique ALK. Selon une étude présentée au congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (1), le crizotinib serait particulièrement efficace chez les patients porteurs d’une mutation ROS 1. 50 patients souffrant d’un cancer avancé du poumon non à petites cellules, et porteurs d’une mutation ROS1 ont reçu 250 mg de crizotinib en prise orale deux fois par jour. Une réduction de la taille de la tumeur a été observée chez 72 % des patients, tandis que la croissance était temporairement stoppée chez les 18 % restant. La durée de vie médiane sans progression était de 19,2 mois chez 25 patients toujours sous traitement à la fin de l’étude.
Ces résultats montrent que la mutation ROS1 constitue un facteur prédictif de l’efficacité du crizotinib. Jusqu’à présent, le crizotinib était surtout préconisé chez les patients présentant une mutation de l’ALK, soit environ 4 % des malades atteints d’un cancer non à petites cellules. Les réarrangements de ROS1 sont pour leur part présents dans un à deux pour cent des cas.
OTS964, nouvelle thérapie ciblée ?
OTS964 inhibe la protéine kinase TOPK (T-lymphocyte-activated killer cell-originated protein kinase), une enzyme surproduite dans de nombreux types de cancers. La surexpression de TOPK est corrélée au mauvais pronostic des cancers du poumon et du sein.
L’effet antitumoral d’OTS964 a été démontré chez la souris greffée avec un cancer du poumon agressif (TOPK-positif) (2).
L’administration orale d’OTS964 (100 mg/kg par jour, pendant 2 semaines) a entraîné une régression complète des tumeurs chez les 6 souris traitées, aux dépens d’une hématotoxicité transitoire. L’injection intraveineuse d’une forme liposomale d’OTS964 a entrainé une régression complète des tumeurs sans aucune toxicité décelable. Un essai clinique de phase 1 devrait débuter à l’automne 2015.
La détection précoce possible grâce à un test sanguin ?
Une équipe médicale française, dirigée par le Pr Paul Hofman (CHU de Nice), a mis au point un test sanguin capable de dépister précocement le cancer du poumon. Des études précédentes sur un modèle animal avaient prouvé que les tumeurs invasives diffusaient des cellules cancéreuses circulantes (CTC) dans le sang, dès les premières étapes de la formation du cancer. Afin d’identifier ces CTC, l’équipe de Paul Hofman a conçu un test sanguin baptisé ISET (Isolation by Size of Tumor cells) en collaboration avec Rarecells Diagnostics. Pour expérimenter leur nouvelle technique, les chercheurs ont soumis un groupe de 245 personnes, sans cancer à un test sanguin et à des examens d’imagerie. Parmi les sujets, 168 étaient atteints de BPCO, un facteur de risque du cancer du poumon. Les CTC ont été identifiées chez cinq de ces patients par analyse cytomorphologique et de marqueurs épithéliaux et mésenchymateux. Les examens d’imagerie n’ont pas révélé la présence de nodules au niveau pulmonaire. Un à quatre ans après le test sanguin, ces cinq patients ont développé un nodule, détecté par tomodensitométrie. Ils ont immédiatement été opérés et l’analyse histopathologique du nodule a confirmé le diagnostic du cancer du poumon à un stade précoce. Ces patients ont été suivis plus d’un an après l’opération, aucun signe de récidive n’a été détecté. En parallèle, chez les autres sujets, aucune CTC n’a été détectée au cours de l’étude.
Ces données suggèrent fortement que la détection cytopathologique et immunocytopathologique de CTC chez les patients à risque élevé de développer un cancer peut jouer un rôle de « sentinelle » et sont considérées comme un atout majeur dans l’éradication précoce d’un cancer primitif. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue « Plos One ».
(1)Alice Shaw et al, Crizotinib in ROS1-Rearranged Non-Small-Cell Lung Cancer, New England Journal of Medicine, publication en ligne du 26 septembre 2014
(2) Science Translational Medicine, 22 octobre 2014, Matsuo et coll.
(encadré)
Cancer du poumon
Chiffres clés
. Nombre de nouveaux cas estimés en 2012 : 39495 (28211 hommes et 11284 femmes)
. Age moyen au diagnostic : 67 ans chez l’homme et 66 ans chez la femme.
. Nombre de décès : 29949 (21326 hommes et 8623 femmes).
. Age moyen au décès : 69 ans chez l’homme et chez la femme.
. Chez les femmes, le risque de développer un cancer du poumon avant l’âge de 75 ans a été multiplié par 3,5 entre celles nées en 1920 et celles nées en 1950.
Source Francim, HCL, InVS et INCa.
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