Le congrès s'est ouvert sur le sujet sensible du dépistage organisé du cancer du sein (DOCS), qui continue d'agiter partisans et opposants. À l'initiative du ministère de la Santé et de l'Institut national du cancer (INCa), une concertation collective des femmes, des professionnels et des experts devrait déboucher prochainement sur l'établissement d'un plan d'action.
Vers une réorganisation du dépistage
Le rapport du comité indépendant, sur lequel s'appuiera la décision du Ministère, a été rendu public début octobre et préconisait soit l'arrêt du dépistage organisé du cancer du sein (DOCS), soit une rénovation complète du système actuel. Avec une diminution de la mortalité par cancer du sein de 20 % grâce au DOCS, l'INCa et la Direction générale de la santé se sont opposés à son arrêt. Ainsi, l'objectif serait de mettre en place un programme plus personnalisé : informer mieux les femmes, étudier le potentiel évolutif des cancers dépistés et adapter davantage le dépistage en fonction du risque. Le niveau de risque serait annoncé aux patientes par le médecin traitant lors d'une consultation de prévention. Or, il n'existe pas actuellement en France de modèle établi (10 ans nécessaires pour sa validation) permettant de déterminer le niveau de risque, déjà difficile à évaluer par les spécialistes. En somme, « à part mieux informer les femmes sur le dépistage, les autres propositions ne sont pas applicables dans l'immédiat, s'insurge le Dr Brigitte Séradour, radiologue. Avec 2,5 millions de femmes dépistées chaque année, que fait-on dans les mois à venir ? ». Les recommandations du ministère, prévues en cette fin d'année, sont attendues avec une certaine appréhension.
Désescalader pour mieux traiter
La polémique liée au dépistage concerne notamment les carcinomes canalaires in situ (CCIS), correspondant au stade précoce de la cancérisation (15 % des cancers du sein) et potentiellement sur-traités. Un nouvel observatoire national, mené de 2014 à 2015 sur 2 125 patientes, a permis d'évaluer l'évolution en dix ans (par rapport à l'observatoire de 2004) de la prise en charge des CCIS, suite au DOCS (1). Si l'âge moyen de survenue du cancer reste quasiment identique (58 ans), les CCIS de haut grade (47 %) et les antécédents familiaux de cancer du sein (37 %) sont en hausse et plus fréquents chez les femmes jeunes (moins de 40 ans). Au niveau des pratiques chirurgicales, le taux de mastectomie (26 %) diminue légèrement au profit de la chirurgie conservatrice et le curage des ganglions axillaires a presque disparu (2,5 %). Cette constatation vient s'inscrire dans la tendance actuelle de « désescalade » thérapeutique. En effet, si les traitements deviennent de plus en plus innovants, l'objectif est globalement de diminuer leur utilisation en cancérologie. Concernant les CCIS, 10 % des patientes pourraient ne pas recevoir de traitement et se contenter d'une surveillance. Cependant, des progrès sont encore nécessaires afin de pouvoir repérer avec précision ces formes à bas risque. Ainsi, l'identification du niveau de risque reste un élément essentiel pour traiter mieux et moins.
(1) Présentation du Dr Bruno Cutili « 2e observatoire national des stratégies de prise en charge des CCIS »
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