DE NOTRE CORRESPONDANT
« OBSERVER mes patients en train de suivre un atelier d’activité physique adaptée est très touchant, même si je les vois au quotidien, souligne le Dr Claudia Lefeuvre, oncologue au centre Eugène-Marquis à Rennes et responsable du département des soins de supports. On se rend compte réellement des limites que leur impose la maladie. Je me souviens notamment d’un monsieur qui devait fournir un gros effort pour soulever sa jambe et ainsi passer d’un plot à l’autre… »
Depuis mars dernier, des ateliers collectifs d’activité physique adaptée (APA) et de réentraînement à l’effort sont organisés pour les patients pris en charge par le centre Eugène-Marquis, le CHU et la clinique La Sagesse, à Rennes. Ils poursuivent d’une certaine manière un programme proposé depuis 2008 par le service de médecine de sport du CHU aux patients atteints d’une maladie chronique. « Nous avons pensé développer une telle activité avec la médecine du sport, car, au même titre que les soins de support proposés depuis longtemps à nos patients, comme l’alimentation, les soins esthétiques ou encore l’accompagnement pour une meilleure réinsertion sociale, nous sommes persuadés que le maintien ou la reprise d’une activité physique adaptée sont importants et ont un retentissement sur le sentiment de bien-être, sur l’autonomie et peut-être sur la survie* », explique le Dr Claudia Lefeuvre.
Retrouver confiance.
Engagés pour un cycle de six mois, les patients, principalement des femmes atteintes d’un cancer du sein et âgées d’une quarantaine d’années, participent au mieux dans la semaine aux deux séances de gymnastique douce et à la séance de marche. Les premiers retours d’expérience sont positifs. « Elles ont parfois de l’appréhension au départ, d’autant qu’une minorité d’entre elles avait une activité physique auparavant, remarque Perrine Dauly, éducatrice sportif spécialisée. Mais cette appréhension se lève après quelques séances. Le fait d’être suivies les motive pour faire. » Ce que note également le Dr Vincent Daniel, médecin du sport : « Les groupes comptant 12 personnes maximum, l’éducatrice sportive peut adapter l’exercice à chaque patient, dans son intensité, la répétition du geste, l’amplitude musculaire… En les aidant à retrouver une confiance, les ateliers vont servir de tremplin vers l’extérieur en les amenant progressivement à poursuivre leurs activités dans d’autres structures. »
Autre facteur de motivation relevé par les différents professionnels : le besoin de se retrouver avec d’autres personnes qui vivent une situation semblable. « Les participants aux ateliers expriment clairement ce besoin de rompre leur isolement social, constate Perrine Dauly. Certaines s’étaient d’ailleurs déjà rencontrées au cours de leur traitement et elles étaient vraiment contentes de se retrouver. Plusieurs ont dit leur difficulté de vivre la fin du traitement car pour leur entourage, cela signifie fin de la maladie, alors qu’elles-mêmes ne se sentent pas prêtes encore à retrouver un milieu "ordinaire"… »
D’autant que l’organisation du cycle est arrêtée pour contourner les obstacles potentiels à la pratique de telles activités ; le programme est gratuit (certaines participantes ont perdu leur travail du fait de leur maladie), les activités ont lieu le matin (« Elles sont généralement plus en forme », selon Perrine Dauly) et centrées sur Rennes pour être le plus accessibles au plus grand nombre.
* Le maintien d’une activité physique diminue le risque de récidive et de décès chez les patientes atteintes d’un cancer du sein localisé non évolutif et suivies pendant deux ans après le diagnostic, avec un bénéfice en terme de survie à 5 et 10 ans voisin de 4 à 6 %.
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