UNE MÉTA-ANALYSE de huit études prospectives montre une association inversement proportionnelle et statistiquement significative entre le taux de caroténoïdes dans la circulation sanguine des femmes et le risque de cancer du sein.
Les caroténoïdes, composants contenus dans des fruits et légumes et pigments naturels présents couvrant le spectre du jaune au rouge, sont importants pour la photosynthèse des plantes. Plus de 600 de ces composés ont été identifiés, dont 40 sont fréquents dans l’alimentation et 20 sont mesurables dans le sérum. L’alpha-carotène, le bêta-carotène, la bêta-cryptoxanthine, la lutéine, la zéaxanthine et le lycopène sont les plus fréquents, représentant 90 % du total des caroténoïdes circulants.
Un effet anticancérogène de ces composés est fortement soupçonné. Des études expérimentales en attestent. Le fait d’examiner les taux des caroténoïdes circulants, en excluant les sujets qui prennent des compléments vitaminiques, permet de contourner différentes questions qui se posent sur l’effet des cuissons sur les contenus alimentaires ou les difficultés à se remémorer la composition précise de l’alimentation.
La méta-analyse de 8 études, qui constituent plus de 80 % des données prospectives mondiales sur la question de l’effet des caroténoïdes sur la survenue du cancer du sein, révèle des associations inverses pour l’alpha-carotène, le bêta-carotène, la lutéine+zéaxanthine et le lycopène.
Les études retenues comportent des mesures effectuées dans des échantillons sanguins, chez 3 055 cas et 3 959 témoins appariés.
L’analyse par quintiles.
Les différences sont exprimées en comparant les quintiles de concentration plasmatique les plus importantes et les plus basses. Pour l’alpha-carotène, le risque relatif de cancer du sein est 0,88, il est de 0,83 pour le bêta-carotène, de 0,84 pour l’ensemble lutéine+zéaxanthine, et encore plus bas, de 0,78 pour le lycopène.
Le bêta-cryptoxanthine n’est pas associée au risque. Enfin, les associations sont plus fortes pour les tumeurs ER- que les tumeurs ER+
Différents mécanismes sont proposés, par lesquels les caroténoïdes peuvent influer sur la carcinogénèse. L’alpha-carotène, le bêta-carotène et la bêta-cryptoxanthine peuvent réduire le risque de cancer indirectement via le métabolisme du rétinol, qui régule la croissance cellulaire, la différenciation et l’apoptose en agissant sur l’expression des gènes. Les caroténoïdes peuvent avoir une action directe anticancérogène par divers autres mécanismes : amélioration des communications cellulaires, augmentation du fonctionnement du système immunitaire, antioxydant et débarras des radicaux libres.
Les auteurs évoquent des limites potentielles de l’étude : « Il y a des explications alternatives à notre observation : d’autres composés phytochimiques présents dans fruits et légumes, associés aux caroténoïdes ou d’autres composés phénoliques peuvent être à même de rendre compte de l’association observée ».
L’association persiste après des ajustements pour certains comportements favorables à une bonne santé, tels l’activité physique.
Heather Eliassen et coll. Journal of the National Cancer Institute, 6 décembre 2012.
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