Charge mentale, organisation familiale, vie intime, retour à l’emploi… : les conséquences sociales, intimes et professionnelles d’un cancer impactent différemment les femmes et les hommes. Ces disparités sont explorées par un sondage mené par Viavoice pour l’Institut Curie et publié à l’approche de la Journée mondiale contre le cancer, le 4 février*.
« Pendant et après les traitements, la survenue d’un cancer chez une femme est une rupture renforcée et l’impact social de la maladie est plus lourd pour elles », résume le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble Hospitalier de l’Institut Curie, dans un communiqué. Selon lui, « c’est collectivement qu’il nous faut agir, à tous les niveaux de la société ».
Une aggravation des inégalités femmes-hommes
Pour l’heure, la survenue d’un cancer tend plutôt à aggraver les inégalités entre les femmes et les hommes. L’étude Vican5 (2018) de l’Institut national du cancer (INCa) soulignait déjà qu’une personne sur cinq n’avait pas repris le travail un an après les traitements, mais aussi que les femmes ont eu plus d’arrêts de travail et plus d’aménagements du temps de travail que les hommes.
Selon le sondage mené en ligne en janvier dernier, plus de la moitié des Françaises interrogées pense que les femmes atteintes de cancer ne peuvent pas retrouver la même vie professionnelle qu’avant la maladie, « un facteur aggravant les situations de précarité des femmes », relève l’Institut Curie.
La conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle est par ailleurs jugée par 8 % des sondés comme l’une des principales difficultés pour le retour à l’emploi des femmes, et non pour celui des hommes. Les conséquences financières de la maladie sont ainsi « parfois dramatiques chez des femmes qui vivent seules, avec des revenus moins conséquents, plus isolées », est-il souligné, alors que 45 % des sondés estiment que les inégalités sur les cancers « sont d’abord liées aux revenus (salaires, aides sociales…) ».
« Plus que le retour à l’emploi, c’est la question du maintien dans l’emploi qui se pose de plus en plus souvent », insiste Évelyne Renault-Tessier, directrice de l’unité transversale d’éducation thérapeutique de l’Institut Curie (UTEP), jugeant qu’« avec l’arrêt de l’activité professionnelle, se joue la perte d’une identité sociale ». Alors que son unité se mobilise pour bousculer les représentations dans les milieux professionnels, elle estime indispensable de « changer cette vision du statut de malade qui est en opposition avec le statut professionnel, et à l’inverse, ne pas pointer du doigt le fait qu’une femme peut ne pas être tout le temps une "super working woman" ».
La vie intime reste un tabou
Un effort similaire est à entreprendre sur les enjeux liés à la vie intime, alors que le sondage révèle qu’une Française interrogée sur deux considère que les femmes ne peuvent pas retrouver la même vie intime qu’avant d’être malade. La sexualité n’est pourtant « ni un luxe ni un tabou, et la santé sexuelle des femmes est au cœur du processus thérapeutique », rappelle la Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre, cheffe du service psycho-oncologie et social de l’Institut Curie, pour qui il est « crucial » de lever le tabou sur ces questions.
À l’Institut Curie, un parcours de soins « santé sexuelle » a été mis en place pour les patientes confrontées aux conséquences intimes et sexuelles du cancer et des traitements. « Les choses évoluent et se structurent en France », selon l’Institut, qui cite la labellisation par l’INCa d’un référentiel sexualité et cancer, en septembre 2021, ayant donné lieu à la création d’un groupe de travail « oncosexologie » à Curie.
*Étude réalisée en ligne en janvier 2022 auprès d’un échantillon de 1 500 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Représentativité assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle des interviewés par région et catégorie d’agglomération.
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