Le Dr Patrick Meshaka, directeur médical européen pour les produits immuno-oncologie d'Amgen, est venu présenter les résultats des essais cliniques du blinatumomab lors des assises industrielles des anticorps thérapeutiques lors d'une rencontre, organisée par le Labex Mabimprove Tours-Montpellier et l'association d'entreprises Mabdesign.
La thématique portait sur le développement des nouveaux formats d'anticorps thérapeutiques, molécules de plus en plus complexes : la gamme comprend les anticorps conjugués, biotynilés, les anticorps à action intracellulaire, et autres nanobodies de camélidés au potentiel polyvalent. Le concept des anticorps bispécifiques repose sur le blocage de plusieurs cibles pour améliorer l'efficacité thérapeutique. Dans le cas des BITE (Bi Specific T cell Engagers), qui sont des fragments d'anticorps recombinants, il s'agit de rapprocher lymphocytes T et cellules tumorales. Le premier anticorps bispécifique approuvé par l'Agence européenne des médicaments (EMA) a été le catumaxomab (Removab) en 2009. Celui-ci se lie aux antigènes EpCAM des cellules tumorales et CD3 sur les lymphocytes T matures. Il est indiqué dans les ascites malignes. Le blinatumomab (Blincyto) développé par Amgen et Micromet est spécifique des antigènes des lymphocytes B CD19 et des antigènes CD3.
Une différence de 4 mois
Les essais cliniques de phase II portaient sur la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) à précurseurs B avec chromosome Philadelphie négatif en rechute ou réfractaire. Patrick Meshaka détaille : « L'AMM a été concédée sur une base de phase II. La différence de survie globale du blinatumomab versus la chimiothérapie standard avec quatre régimes différents montre une différence d'à peu près quatre mois. C'est à dire une survie de 4 mois dans le groupe standard of care et de 7,8 mois avec le blinatumomab. Les anticorps bispécifiques sont pour le moment développés uniquement en oncologie et principalement en hémato. Quant aux tumeurs solides, les problèmes de « cytokine release syndrome » sont encore très importants et nécessitent encore d'aviser la bonne séquence de traitement. Les BITE sont de petites molécules, et leur demi-vie est très courte, de l'ordre de une heure et demi à deux heures. Pour avoir une concentration stable, on est obligés de perfuser en continu. Le protocole actuel utilisé est de quatre semaines de perfusion continue, deux semaines de « wash out » et quatre semaines de perfusion. On peut continuer ces cycles de six semaines, mais la plupart du temps deux cycles suffisent. » Deux produits sont actuellement développés par Amgen : le blinatumomab, et le Talimogene laherparepvec (Imlygic), un herpès virus génétiquement modifié indiqué dans le mélanome. « Les deux produits ont obtenu l'AMM et sont dans une phase d'expansion de développement », explique Patrick Meshaka. « Pour le blinatumomab, nous avons tout un développement dans le lymphome non-hodgkinien en train de se mettre en place avec quatre essais cliniques de phase II qui vont démarrer d'ici la fin de l'année, début de l'année prochaine testant le blinatumomab seul ou en combinaison et en fonction des lignes de traitement », conclut-il.
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