La cancérologie étaient à l’honneur lors des 3e journées scientifiques MSD Avenir puisque de nombreux projets lui étaient consacrés. Intégrant l’intelligence artificielle (IA), deux projets se sont intéressés au dépistage et au diagnostic des cancers.
Vers des biomarqueurs de dépistage et de diagnostic
« Nos travaux sur l’analyse de l’ADN circulant, dont l’étude et l’utilisation n’est actuellement qu’à leur préhistoire, ont conduit à proposer une solution concernant le dépistage du cancer par simple prélèvement sanguin », explique le Dr Alain Thierry (Institut de recherche en cancérologie de Montpellier). En effet, dans le cadre du projet MiTest, des essais ont démontré que quantifier et associer différentes séquences d’ADN circulant d’origine mitochondriale et nucléaire permet de distinguer les sujets atteints de cancer des individus sains, grâce à un indice appelé MNR (Multi Normalized Ratio). Celui-ci pourrait ainsi devenir un biomarqueur pour dépister la présence d’une tumeur. Après le test de 1500 patients présentant différents types de tumeurs (colorectal, sein, poumon, prostate, …) et 280 sujets sains, les résultats confortent le potentiel de cette approche.
L’errance diagnostique, souvent constatée chez les patients porteurs de tumeurs rares, a des conséquences sur la survie sans rechute et la survie globale. « Le projet DI-A-GNOSE a pour objet d’utiliser les outils d’IA dans l’analyse des images anatomopathologiques, commente le Pr Jean-Yves Blay, Centre Léon Bérard (Lyon). Grâce à des algorithmes, l’objectif est d’aider les anatomopathologistes experts à mieux classer les patients atteints de tumeurs rares (sarcomes et mésothéliomes), afin de les orienter vers des stratégies thérapeutiques adaptées. Avec l’ambition de devenir de nouveaux biomarqueurs/prédicteurs utilisés en routine dans la réponse et la survie après traitement, ces outils (réalisés en partenariat avec la start-up Owkin) seront diffusés au niveau du réseau européen d’excellence EURACAN piloté par le Centre Léon Bérard ».
A la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques
« Le projet GnoStiC va nous permettre de progresser encore plus vite dans la lutte contre le cancer en permettant le développement de thérapies innovantes ciblant les GSBs (Genomic Stress Bodies) dans les tumeurs chimiorésistantes », expliquent le Dr Philippe Pasero et Angelos Constantinou de l’Institut de Genétique humaine (Montpellier). En effet, ce projet s’intéresse aux mécanismes de résistance à la chimiothérapie, qui réparent les cassures de l’ADN provoquées par le traitement antitumoral. Son objectif est de caractériser les principes d’assemblage et d’action des GSBs, structures non membranaires dont la formation permettrait de concentrer les enzymes de réparation au niveau des lésions de l’ADN. Les chercheurs ont récemment identifié l’implication du facteur TopBP1 qui active la kinase ATR.
Coordonné par le Dr Aurélien Marabelle de Gustave Roussy (Villejuif), le projet IMMUNOME cherche à mieux comprendre les voies d’immunosuppression partagées entre différents cancers ou spécifique d’un type de tumeurs donné. « L’objectif de notre projet vise à faire l’atlas immunitaire des cancers du poumon, ORL, de la vessie et du foie, grâce à différentes technologies », explicite le Dr Marabelle. A terme, cela permettra d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et de développer des stratégies combinant des thérapies synergiques, pour le traitement des cancers récurrents ou réfractaires. Des premiers résultats voient le jour concernant les interactions entre les lymphocytes T CD4 et B intra-tumoraux infiltrants les cancers de la cavité buccale et de l’oropharynx. Ils pourraient contribuer à l’élaboration de futures stratégies immuno-thérapeutiques ciblant les lymphocytes B.
Réalisée dans les cancers rares de stade avancé, l’étude HEART identifie des altérations génomiques ciblées grâce à un séquençage à haut débit de nouvelle génération (NGS). Les patients peuvent ensuite être inclus dans un essai évaluant l’intérêt d’une thérapie ciblée. « Cet essai de médecine personnalisé va concerner environ 1000 patients sur une période d’inclusion de 5 ans », précise le Pr Antoine Italiano de l’institut Bergonié (Bordeaux). Au 30 août 2018, 235 patients avaient été inclus, parmi lesquels 69% présentaient une altération génétique actionnable et 25% avaient reçu une thérapie adéquate.
Néanmoins, un des premiers essais randomisés de médecine de précision était l’essai SHIVA01, mené par l’Institut Curie. Il évaluait une stratégie thérapeutique basée sur le profil moléculaire de la tumeur, selon un algorithme de traitement, chez des patients prétraités présentant un cancer réfractaire. Il a mis en évidence l’intérêt de la voie de signalisation RAF/MEK. L’essai SHIVA02 a aujourd’hui pour objectif de valider ces résultats, grâce à un nouvel algorithme de traitement focalisé sur la voie de signalisation RAF/MEK et en utilisant chaque patient comme son propre contrôle. Affaire à suivre..
3e Journées MSD Avenir, le 19 novembre 2019
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