Le déchiffrage du métabolome

La sarcosine préside au cancer prostatique évolutif

Publié le 11/02/2009
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LE « MÉTABOLOME » est un néologisme pour désigner un ensemble de métabolites associés à une situation physiologique ou physiopathologique. Dans le cas du cancer de la prostate, qui peut présenter des profils évolutifs extrêmement variés, Arun Sreekumar et coll. se sont intéressés à la collection des métabolites associés aux différentes formes. Ils ont passé au crible, en utilisant des moyens sophistiqués, pas moins de 1 126 métabolites prélevés dans des échantillons de tissus prostatiques, d’urine et de sérum de personnes affectées de différentes atteintes prostatiques.

Dans les urines.

Ils ont identifié, dans un premier temps, 87 métabolites qui distinguent une atteinte bénigne du cancer. Parmi ceux-ci, ils en décèlent 6 qui présentent un intérêt tout particulier : leur taux s’élève dans le cancer et encore plus dans la forme métastatique. L’un de ces métabolites, la sarcosine «  pourrait être un biomarqueur de la progression  », estiment-ils. Ce métabolite peut être détecté dans les urines, de manière non invasive. Non seulement son taux s’élève à mesure de la progression du cancer, mais aussi, il est probable qu’il intervient dans les mécanismes de la maladie. La sarcosine, qui est un dérivé d’un acide aminé, la glycine, se forme en relation avec une enzyme, la glycine-N-méthyl transférase (GNMT), qui est exprimée dans le tissu prostatique (entre autres). Des recherches sont menées sur cette enzyme, car son activité pourrait être liée à la progression du cancer de la prostate comme à celle d’autres tumeurs.

Une contre-expérience tend à confirmer la notion : l’ajout de sarcosine in vitro dans des lignées cellulaires normales, ou l’ablation du gène de la GNMT, confère un phénotype invasif à des cellules normales de prostate.

«  Dans l’ère de la post-génomique, les chercheurs en cancérologie profilent non seulement la composition génétique des cellules et des tissus (génome), mais aussi la collection des transcrits des gènes (transcriptome), des protéines (protéome) et maintenant des métabolites (métabolome)  », explique un commentateur.

Nature, 12 février 2009, pp. 910-915 et commentaires pp.799-800.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr