Le cancer protège-t-il de la maladie d’Alzheimer et vice versa ? L’étude publiée dans « Neurology » ne parvient pas à cette conclusion directe, mais elle montre que chez les personnes âgées souffrant de maladie d’Alzheimer, les cancers sont moins fréquents, et inversement, la probabilité d’avoir une maladie d’Alzheimer est moindre chez les personnes ayant un cancer.
Massimo Musicco et al. ont examiné l’incidence de ces deux maladies en fonction l’une de l’autre chez une cohorte de 204 468 personnes de plus de 60 ans, vivant dans le nord de l’Italie. Au cours de la période de suivi de 6 ans, 21 451 personnes ont développé un cancer et 2 832 une maladie d’Alzheimer. Et 161 personnes ont souffert des deux maladies.
Deux fois moins de cancers
« En se référant à la fréquence que nous avons identifiée dans la population générale, on aurait dû observer 281 cas de cancer et 246 cas de maladie d’Alzheimer. » Les calculs montrent que le risque de cancer est quasiment divisé par deux pour le groupe des personnes ayant une maladie d’Alzheimer (- 43 %). Et que le risque d’Alzheimer est réduit de 35 % chez les personnes souffrant d’un cancer.
Ce n’est pas la première étude objectivant cette relation inverse de réciprocité. Mais c’est le travail comportant le plus grand nombre de personnes incluses, et il possède plusieurs éléments de force comparativement à ce qui a déjà été publié. Comme le fait de chercher le diagnostic de la deuxième maladie étudiée, à la fois avant et après que la première soit survenue. « Ce qui réduit le phénomène d’occultation du diagnostic d’une autre maladie en présence d’une première pathologie, les symptômes survenant secondairement au diagnostic pouvant être interprétés comme des symptômes appartenant à la maladie déjà identifiée. »
P53 et Pin1
Par exemple, des troubles de la mémoire peuvent être interprétés comme un effet secondaire de la chimiothérapie chez une personne soignée pour cancer.
Par ailleurs, les chercheurs trouvent les mêmes résultats chez des personnes qui sont décédées au cours de l’étude et chez les vivants, ce qui réduit la possibilité d’un effet associé à un raccourcissement de la durée de vie, qui réduirait la probabilité de survenue d’une nouvelle pathologie.
L’incidence de la maladie d’Alzheimer comme du cancer est en augmentation et ces deux pathologies se caractérisent par des anomalies cellulaires, même si elles sont opposées (multiplication excessive dans le cas du cancer et mort cellulaire dans l’Alzheimer). Ce qui peut fournir une ébauche d’explication du phénomène observé. Certaines molécules peuvent jouer un rôle pivot dans les deux maladies, comme P53 (suppresseur de tumeur, élevé dans le cerveau de patients ayant un Alzheimer), ou Pin1, un régulateur de l’APP (amyloid protein precursor), impliqué aussi dans des voies de la tumorogenèse et surexprimé dans certains cancers.
Neurology, 2013 ; 81 : 322-328 et éditorial 310-311.
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