Le rôle des aliments dans le développement de cancers ou, à l’inverse leur effet protecteur sont des questions qui suscitent un large débat scientifique et ont entraîné la publication de livres, souvent très prisés du grand public. « C’est un sujet complexe qu’il n’est pas toujours simple de résumer dans des messages accessibles au plus grand nombre », souligne Laurent Guy qui s’intéresse de près aux liens entre la nutrition et le cancer de la prostate et en a d’ailleurs fait le sujet de sa thèse d’université en 2007 consacrée plus précisément à l’impact des isoflavones.
« Il y a aujourd’hui des arguments pour penser que la nutrition peut favoriser ou minimiser le développement du cancer de la prostate. D’abord des arguments d’ordre épidémiologique. De nombreux travaux ont montré qu’à niveau socio-économique comparable, certaines populations, notamment asiatiques, développent jusqu’à dix fois moins de cancers de la prostate », précise le Pr GUY, en mettant aussi en avant des arguments de science fondamentale. « Il est possible de faire pousser du cancer de la prostate en culture cellulaire. Et en fonction des nutriments utilisés, on constatera une facilitation ou une inhibition du développement de ce cancer ».
Selon le Pr Guy, l’aspect aujourd’hui le mieux documenté est celui du lien entre le cancer de la prostate et les graisses d’origine animale. « Ces dernières années, plus d’une trentaine d’études cas-témoins ou de cohorte ont été rapportées dans la littérature. Et une majorité d’entre elles mettent en évidence le rôle délétère de la consommation de graisses d’origine animale dans le développement du cancer de la prostate ».
Les aliments potentiellement protecteurs, sont ceux de la famille des polyphénols, molécules naturellement présentes dans les végétaux. « On les trouve notamment dans les fruits et légumes ou dans le vin. Pour la prévention du cancer prostatique, deux classes de molécules de cette famille et dotées d’une activité phytoestrogénique, semblent particulièrement intéressantes: des isoflavones et des lignanes », indique le Pr Guy.
Le soja et ses produits dérivés sont les principales sources alimentaires d’isoflavones. Quant aux lignanes, elles sont notamment apportées par les céréales complètes. « Parmi les micronutriments dont l’action protectrice a été documentée, on peut citer le lycopène, un caroténoïde non saturé qui transmet la couleur rouge aux tomates. Aujourd’hui un certain nombre de données de la littérature indiquent que la consommation de tomates cuites jouerait un rôle protecteur vis-à-vis du cancer prostatique », souligne le Pr Guy. Le sélénium, élément minéral présent dans de nombreux aliments, n’est plus considéré comme protecteur aujourd’hui, à la différence du jus de grenade, très riche en polyphénols. Le Pr GUY reconnaît que ces données peuvent difficilement être livrées telles quelles au grand public. « Il faut délivrer un message général en conseillant une alimentation pauvre en graisses animales et riche en fruits et légumes. Je dis aux patients qui m’interrogent sur le sujet, que les aliments bons pour le cœur le sont également pour la prostate ».
D’après un entretien avec le Pr Laurent Guy, service d’urologie, CHU de Clermont-Ferrand
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