Les cancers de l’enfant sont l’illustration de la réussite de la recherche. « En 60 ans, la survie est globalement passée de 5 % à 80 %, un succès remarquable, souligne le Dr Olivier Delattre. Nous avons cependant atteint depuis 10 ou 15 ans un plateau et il nous faut désormais percer ce plafond de verre, car les cancers représentent encore la première cause de mortalité par maladie dans la population pédiatrique ».
Le diagnostic moléculaire : une voie de progrès considérable
On dénombre quelque 2000 nouveaux cas de cancers pédiatriques chaque année en France, leucémies, lymphomes, tumeurs cérébrales, mais aussi de façon plus spécifique de cette classe d’âge, des tumeurs embryonnaires et des sarcomes. « Ces tumeurs sont très hétérogènes et le diagnostic moléculaire permet de franchir un échelon de plus dans la précision du diagnostic et in fine de la stratégie thérapeutique », indique le Dr Delattre. Les marqueurs moléculaires permettent par exemple de différencier les formes de neuroblastomes, dont certains tendent à régresser spontanément ou avec un traitement modeste, tandis que d’autres nécessitent une stratégie plus intensive. Leur utilisation s’inscrit ainsi dans une démarche de désescalade thérapeutique. Ils sont également d’une aide précieuse dans les sarcomes, à la fois pour la confirmation diagnostique, parfois difficile sur les seules données anatomopathologiques, et pour guider la thérapeutique, notamment dans les rhabdomyosarcomes, dont la réponse à la chimiothérapie varie selon les marqueurs. « Le recours au diagnostic moléculaire est aujourd’hui entré dans la routine pour de très nombreuses tumeurs de l’enfant, poursuit le Dr Delattre. L’idée à terme est de proposer une réponse thérapeutique ciblée sur chaque signature moléculaire, signature qui constitue aussi un élément d’orientation pour le suivi des patients et pour la mise en place d’essais thérapeutiques ».
Sensibiliser pour développer la recherche
Les nouvelles drogues sont en effet surtout développées chez l’adulte, pour des cancers fréquents. Chez l’enfant, les applications pratiques de la découverte d’un nouveau marqueur sont beaucoup plus tardives, car les cancers sont rares et l’implication des industriels dans les études cliniques plus difficiles à mettre en place. Pour avoir un effectif suffisant, les études sont menées à un niveau international, en particulier dans le cadre de projets collaboratifs européens, en réponse à des appels d’offres qui bénéficient de financements et avec le soutien des associations caritatives. « Mais il faut aller plus loin et inciter plus fortement les industriels à développer les molécules chez l’enfant », expose le Dr Delattre. Des associations de parents et des pédiatres sont à l’origine de différentes initiatives prônant des mesures incitatives fortes, pour aller plus loin que l’actuelle extension de la durée des brevets. Le 15 février dernier, la Journée internationale des cancers de l’enfant a été l’occasion de sensibiliser les pouvoirs publics à cette problématique. « Certains cancers de l’enfant peuvent avoir une altération moléculaire similaire à celle de cancers de l’adulte, ce qui pourrait faciliter le transfert de résultats de l’adulte à l’enfant, poursuit le Dr Olivier Delattre. Il s’agirait alors de soigner non plus un cancer, mais une atteinte moléculaire ».
D’après un entretien avec le Dr Olivier Delattre, directeur délégué de la recherche biomédicale, centre de recherche, Institut Curie, Paris.
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