Les nouvelles technologies sont en train de révolutionner la prise en charge des patients. Florilège des projets pilotes des CLCC, en santé connectée, robotique et intelligence artificielle, qui viennent d’être primés à Montpellier.
Santé connectée
-Sécurisation du retour à domicile* : après une intervention gynécologique (hystérectomie) en ambulatoire, les patientes bénéficient d’un suivi numérique via une application smartphone IPC Connect qui leur permet de communiquer en temps réel leur journal de bord, avec notamment leur évaluation de la douleur ; elles sont aussi équipées d’un bracelet connecté. « Nous avons paramétré des seuils d’alerte, rouge ou orange, qui vont déclencher l’intervention d’un infirmier, d’un médecin ou une hospitalisation, explique Eric Cini, l’infirmier coordinateur de la plateforme à l’Institut Paoli-Calmettes (Marseille). La coordination est essentielle, elle lance des appels de vérification H 24 et évite pertes de temps et montée de stress chez la patiente. »
-Mongustaveroussy : cette application mobile sécurisée permet aux patients d’accéder en temps réel à tous leurs documents médicaux, comptes-rendus, bilans de biologie, d’imagerie ou d’anatomopathologie, ainsi que rendez-vous et renseignements pratiques. Seul maître de ses données, le patient accorde l’accès aux professionnels de santé de son choix. Ce portail personnel numérique dématérialise le dossier et « il accélère la transmission des informations vers les médecins de ville », souligne Charles Guépratte, DG adjoint de Gustave Roussy. Il permet un suivi plus étroit des patients hors de l’hôpital, ajoute le Pr Michel Ducreux, coordonnateur médical. C’est un outil d’autant plus utile que se généralisent les chimiothérapies per os, souligne Maïma Mezaour, DSI de Gustave Roussy. Un programme similaire est en phase 1 à Oscar Lambret (Lille).
Robotique
-« Cancers, vers la chirurgie de demain »* : lancé en 2014 avec l’acquisition du robot Da Vinci Xi, le programme a innové les études MARCI pour le cancer du sein (1ère mondiale en robotique, alternative moins traumatisante et plus esthétique), EVATAR pour le cancer de la thyroïde (par voie rétro-autriculaire, ne laissant pas de stigmate) et TORS pour les cancers ORL (par les voies naturelles). Deux autres programmes sont en cours de marquage CE, pour la chirurgie viscérale et la chirurgie gynécologique. « Avec une faisabilité parfaite, tous ces programmes enregistrent des résultats totalement favorables », se félicite le Dr Philippe Gorse, chef du service de chirurgie onco-faciale à l’IGR et qui en assure la coordination. L'IGR est maintenant promoteur d’études multicentriques, notamment menées avec Oscar Lambret (Lille).
-VIK-e (victory in innovation for kids electronic)* : depuis son lit en isolement, l’enfant pilote par son ordinateur un robot de télé-présence qui va lui permettre de sortir virtuellement et de se déplacer à l’extérieur. « Ce n’est pas du tout un gadget, souligne le Dr Perrine Marec-Bérard, pédiatre oncologue au centre Léon Bérard (Lyon), mais un outil qui facilite l’acceptation des soins en maintenant le lien social avec l’école, pour le suivi de la scolarité, comme avec la famille, parents, frères et sœurs. De leur côté, les soignants bénéficient d’une meilleure relation thérapeutique avec le patient, en lien avec son environnement propre. » Cette première fait l’objet d’une évaluation qui sera connue fin 2018.
Intelligence artificielle
-BodyComp. Al *: pour évaluer le degré de sarcopénie du patient, l’indice de masse corporelle est approximatif, la coupe scanner au niveau de la 3e lombaire (L3) nécessite l’intervention manuelle et longue d’un radiologue. D’où l’intérêt de logiciel élaboré par le laboratoire de recherche en imagerie médicale de Henri Becquerel (Rouen). « Grâce à son algorithme, il permet à un médecin non spécialiste d’obtenir une mesure rapide et automatisée utilisable dans la routine clinique, explique Romain Modzelewski, ingénieur à Henri Becquerel. La cinquième version est utilisée par les chercheurs ». Ses applications sont très attendues pour mieux ajuster la dosimétrie du traitement en chimiothérapie comme en radiothérapie, ainsi que le support nutritionnel. Sur cette problématique, Google serait en train de pointer le nez…
Et aussi
-Kid calm* : la radiothérapie nécessite l’immobilité parfaite de l’enfant, avec du matériel de contention, des masques thermomoulées du visage et, jusqu’à l’âge de six ans, le recours à des anesthésies générales itératives ; avec le système Kid calm élaboré à Paul Strauss (Strasbourg), nous recourons à un microprojecteur qui projette un dessin animé sur l’anneau de l’appareil de radiothérapie, explique le Dr Céline Vigneron et nous obtenons un résultat positif immédiat par l’effet hypnotique de l’image chez les enfants. Un effet qui dépasse nos espérances : dans un environnement ultra-technologique angoissant, séparé de ses parents, l’enfant se trouve tout de suite rassuré. Et les salariés du service apprécient la plus grande facilité de prise en charge des petits patients cancéreux. » Tous les services de pédiatrie pourraient être intéressés par Kid calm pour un coût modique (2 500 €).
*Projet lauréat du Prix UNICANCER de l’INNOVATION décerné le 9 octobre au Corum à Montpellier.
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