La rénovation du programme de dépistage organisé du cancer du sein devrait donner un rôle crucial au médecin traitant. Une orientation saluée, et revendiquée par les généralistes.
Tous s'accordent sur l'impasse du système actuel. « Le dépistage de masse, par classe d'âge, a vécu », résume le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de la médecine générale (CMG). « Il existe actuellement de vraies interrogations sur le surdiagnostic. Des femmes sont inquiétées pour une lésion qui n'aurait pas forcément dégénéré. D'un autre côté, ne rien faire est difficile à gérer », explique le Dr Claude Leicher, président de MG France.
« L'information faite aujourd'hui aux femmes pour le dépistage organisé est tronquée » dénonce le Pr Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants. « Si les bénéfices du dépistage sont bien identifiés, les risques et effets indésirables sont mis au conditionnel, non chiffrés » observe-t-il. Une stratégie contre-productive voire illégale selon l'universitaire : « Cela ne s'inscrit pas dans la loi 2002 sur le droit des patients à une information valide, honnête, objective et compréhensible. En outre, cela n'incite pas les patientes à faire confiance aux autorités. Les femmes ne sont pas des officiers subalternes aux ordres de la tutelle. La finalité n'est pas le dépistage pour le dépistage, mais bien la réduction de la morbi-mortalité liée au cancer du sein », précise le Pr Renard.
Comme le Pr Ifrah, ces généralistes récusent l'hypothèse d'un arrêt pur et dur du dépistage organisé. Ils préconisent en revanche une approche individualisée et personnalisée, où une information complète et structurée est discutée entre la patiente et son médecin, afin qu'elle puisse faire le choix, éclairé, de participer ou non au dépistage organisé. Une façon de réaffirmer la primauté de la clinique, face à un dépistage trop centré, critiquent d'aucuns, sur la mammographie.
Lutter contre les inégalités sociales de santé
« Toutes les femmes n'ont pas le même risque ; chacune doit discuter du dépistage avec son médecin traitant et s'inscrire dans le programme en fonction de ses risques. On va vers une prévention personnalisée », dit le Dr Leicher.
L'espoir est aussi d'endiguer les inégalités sociales de santé. « Le gradient social doit être pris en compte, en même temps que l'analyse des facteurs de risque et l'approche bénéfice/risque », explique le Pr Druais.
Systématisation de la deuxième lecture pour toutes les mammographies, devenir du dépistage individuel, pertinence d'une consultation prévention autour de 40 ans… Beaucoup d'éléments du futur dispositif restent à arbitrer. Sans oublier l'élaboration d'un nouveau plan de communication. Les généralistes comptent être de la partie, en étant associés aux travaux de l'INCa, pour élaborer les nouveaux outils d'informations et être des « relais de sensibilisation et conscientisation » des patients, selon les mots du Pr Druais.
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