Analyse d’un registre de tumeurs cutanées en Champagne-Ardennes

Les mélanomes sont plutôt localisés à droite sur la tête et le cou des femmes

Publié le 22/04/2014
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Crédit photo : AFP

Entre 2004 et 2011, 1 542 mélanomes ont été enregistrés dans un registre régional de la région Champagnes-Ardennes qui rassemble au total une population de 1,3 million d’habitants. Tous les éléments caractéristiques des tumeurs ont été enregistrés : âge, sexe,topographie, histologie... et ont permis de déterminer les localisations anatomiques des mélanomes selon le sexe.

Chez les femmes, les mélanomes prédominent sur les membres inférieurs (32,2 % versus 9,3 % chez l’homme, p ‹ 0,001) notamment sur les jambes, et sur les mains et les pieds (10,3 % versus 6,3 % , p = 0,005). Chez l’homme, la prédominance est sur le tronc (41 versus 14,9 % p ‹ 0,001) et le plus souvent dans le dos.

Sur la tête et le cou, les mélanomes sont plutôt périphériques chez l’homme (53,7 %) et plutôt centraux chez les femmes (75,1 %, p ‹ 0,001) sachant que la « périphérie » définie par les auteurs, concerne le cou, les oreilles, les tempes, le scalp et la nuque, alors que la région « centrale » concerne la bouche et la région buccale, le nez, les paupières, les joues.

Plus curieux, la latéralisation gauche/droite des mélanomes : sur la tête et le cou, les mélanomes sont plutôt localisés sur le côté droit chez les femmes, et sur le côté gauche, chez les hommes.

Les femmes conduisent moins que les hommes...

Ces localisations ont des justifications potentielles qui tiennent essentiellement - et historiquement - à la façon de se vêtir et de s’exposer au soleil, bien qu’elles aient tendance à s’estomper avec les modes vestimentaires changeantes. Dans cette étude qui représente une région française « traditionnelle » le ratio membre inférieur/tronc est de 2,16 chez la femme, et de 0,22 chez l’homme « peut-être en raison d’un mode de vie encore traditionneldans cette région », écrivent les auteurs.

Concernant les prédominances périphériques et centrales de la tête et du cou, il semble qu’une chevelure parfois plus épaisse et surtout plus persistante... protège les femmes sur les zones qu’on devine aisément. Un travail américain a montré que la chevelure pouvait diminuer de 81 % l’exposition aux UVB.

Enfin, la plus grande fréquence des mélanomes à gauche chez les hommes - qui n’apparaît que dans une seule publication antérieure s’expliquerait plus par l’exposition solaire au cours de la conduite automobile (que la vitre soit ouverte ou fermée) que par tout autre mécanisme.

British Journal of Dermatology. V. Chevalier et coll. sous presse

Dr Anne Teyssédou

Source : Le Quotidien du Médecin: 9320