Métaanalyse de 25 essais randomisés

Les statines n’augmentent pas le risque de cancer

Publié le 01/10/2010
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Crédit photo : PHANIE

COMME LA Haute Autorité de santé le rappelle dans un document qui vient de paraître (1),« toutes statines confondues, le traitement par statines diminue le risque de mortalité toutes causes de 10 % quel que soit le profil du patient, et le risque d’événements cardio-vasculaires de 15 % à 23 %, selon l’événement étudié ». Elle précise également que « les données issues de la recherche documentaire (études cliniques, métaanalyses) et du suivi particulier effectué par l’AFSSAPS depuis leur mise sur le marché indiquent que les statines possèdent généralement un bon profil de tolérance et que le lien entre les statines et le risque de cancer n’a pas été démontré », alors qu’il avait été évoqué dans des revues non méthodiques de la littérature. Dans une métaanalyse publiée en 2006 portant sur plus de 85 000 sujets issus de 26 études, les auteurs avaient conclu que les statines ont un effet neutre sur l’incidence des cancers et le risque de décès qui leur est associé (2).

Une preuve supplémentaire de cette absence de lien vient d’être apportée par Jonathan Emberson et coll., au nom de la Cholesterol Trialists’ Collaboration, à partir d’une méta-analyse de 25 essais cliniques randomisés totalisant environ 166 000 patients. Vingt de ces essais ont comparé une statine à un placebo et cinq autres un traitement peu intensif à un traitement à forte dose. Elle a permis de conclure sur une durée de suivi de 5 ans en moyenne. Pendant cette période, un cancer est apparu chez 9 954 patients et 3 498 en sont décédés. Le fait de réduire le taux de LDL cholestérol avec une statine n’est pas apparu associé au risque de cancer ou de décès par pathologie maligne dans les 20 essais contre placebo. L’incidence des cancers a été de 3 502 cas, soit 1,4 % par an dans le groupe sous traitement actif, contre 3 514, soit 1,4 % par an dans les groupes placebo, ce qui correspond à un risque relatif de 0,99 (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,95-1,04). Le nombre de décès par cancer a été de 1 289 (0,5 % par an) contre 1 281 (0,5 % par an également), soit un risque relatif de 1,00 (IC : 0,93-1,07). Des résultats comparables ont été observés dans les cinq essais qui ont comparé des posologies différentes de statines : l’incidence des cancers a été de 1 466 et de 1 472 selon que la dose était faible ou forte, ce qui correspond à un risque relatif de 1,02 (IC : 0,89-1,18) et la mortalité par cancer de 447 et de 481 (risque relatif de 0,88,IC : 0,67-1,15).

Au total, cette métaanalyse démontre que le traitement par statine n’a d’effet ni sur l’incidence des cancers, quel qu’en soit la localisation, ni sur la mortalité par pathologie néoplasique. Cela reste vrai quel que soit le sous-groupe de patients concerné, comme, par exemple, les sujets âgés, ceux qui ont un LDL cholestérol bas avant traitement ou ceux chez lesquels le traitement par statine a induit une diminution importante du taux de LDL cholestérol.

D’après la communication de J. Emberson (Clinical Trial Service Unit, université d’Oxford).

(1) HAS. Efficacité et efficience des hypolipémiants Une analyse centrée sur les statines. Saint-Denis, juillet 2010.

(2) Dale KM, et coll. Statins and cancer risk: a meta-analysis. JAMA 2006;295(1):74-80.

Dr GERARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8827