La Commission européenne prône un « dépistage élargi et de meilleure qualité » pour détecter les cancers. Cette nouvelle approche s'inscrit dans le cadre du programme européen de dépistage du cancer qui doit être présenté au titre du plan européen pour vaincre le cancer.
Le point le plus important de cette recommandation, qui doit encore être adoptée par le conseil européen, est l'extension du dépistage ciblé à trois nouvelles localisations : la prostate, le poumon et l'estomac. Concernant le cancer de l'estomac, il s'agirait en fait de dépister la présence d'Helicobacter pylori et de surveiller les lésions précancéreuses de l'estomac dans les régions où les taux d'incidence et de mortalité de ce cancer sont élevés.
Le dépistage organisé du cancer du poumon est quant à lui déjà une réalité dans certains États américains. La Commission européenne préconise un dépistage organisé chez les fumeurs et anciens gros fumeurs âgés de 50 à 75 ans. En France, plusieurs expérimentations locales sont en cours, et la Haute Autorité de santé (HAS) a demandé la mise en place d'un programme pilote en février dernier. Ce dépistage ciblerait des populations à risque dont le contour reste à définir : tout le monde s'accorde sur l'intérêt de dépister les fumeurs et ex-fumeurs, mais la question des fumeurs passifs reste posée.
Le dépistage du cancer de la prostate, réalisé sur la base du volontariat en France, serait lui proposer aux hommes jusqu'à 70 ans, à l'aide du test de l'antigène prostatique spécifique (PSA), avec une IRM supplémentaire à titre de suivi.
Un accent particulier sur l'égalité d'accès au dépistage
La Commission propose aussi d'élargir le groupe cible du dépistage du cancer du sein pour y inclure les femmes âgées de 45 à 74 ans (contre 50 à 69 ans dans les recommandations actuelles et 50-74 ans en France). Les recommandations prévoient aussi que le dépistage du papillomavirus humain (HPV) soit pratiqué chez les femmes âgées de 30 à 65 ans, tous les 5 ans ou plus, en fonction du statut vaccinal contre le HPV, afin de mieux détecter le cancer du col de l'utérus. En France,le test HPV est déjà préconisé tous les cinq ans chez les femmes de 30 à 65 ans, tandis que l'examen cytologique est recommandé pour les moins de 25-29 ans.
En ce qui concerne le cancer colorectal, la Commission souhaite que le dépistage organisé s'appuie sur des tests immunochimiques fécaux chez les personnes âgées de 50 à 74 ans, comme cela est déjà le cas en France.
La recommandation européenne introduit également un suivi régulier et systématique des programmes de dépistage, avec un accent particulier sur l'égalité d'accès au dépistage, à l'aide du système européen d'information sur le cancer et du registre des inégalités face au cancer.
90 % des populations cibles dépistées d'ici à 2025
Cette nouvelle stratégie européenne vise à aider les États membres à atteindre les objectifs de l'Union européenne (UE) pour 2025 : que 90 % de la population de l'UE remplissant les conditions requises pour participer aux dépistages du cancer du sein, du col de l'utérus et colorectal se voient proposer un tel dépistage.
On estime qu'en 2020, un cancer a été diagnostiqué chez 2,7 millions de personnes vivant dans l'UE et que plus de 1,3 million de personnes en sont décédées, mais aussi qu'un citoyen de l'UE sur deux développera un cancer au cours de sa vie et qu'un malade sur deux seulement en survivra. Les six cancers qui seront couverts par le futur programme européen de dépistage du cancer couvrent 55 % de tous les nouveaux cas diagnostiqués dans l'Union.
Un soutien financier est disponible pour la mise en œuvre des nouvelles recommandations, dont 38,5 millions d'euros engagés au titre du programme « L'UE pour la santé » de 2022 et 60 millions d'euros au titre d'« Horizon Europe ». La Commission proposera également un financement supplémentaire pour le dépistage du cancer dans le cadre du programme « L'UE pour la santé » de 2023.
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