« Durdur, la vie d'une cellule cancéreuse » n'est pas encore sortie que cette pièce de théâtre interpelle et attise déjà la curiosité. D'abord, parce qu'elle a été écrite par un médecin généraliste installé à Niort (79), Philippe Fabri. Ensuite parce qu'elle est jouée par ce même médecin. Enfin, parce que le personnage principal est inattendu. Cette pièce raconte la folle aventure d'une cellule saine qui devient cancéreuse.
La vie suspendue au destin d'une cellule
« Durdur, la vie d'une cellule cancéreuse » pourrait être un road movie à travers l'organisme humain, où le héros n'a d'autre quête que de goûter à sa liberté nouvelle, sans savoir que la folie s'est emparée de lui.
Durdur, c'est le nom de cette cellule du poumon obéissante, rigoureuse dans son travail depuis la naissance de son maître. Lorsqu'un jour, elle se retrouve avec un gros noyau, et découvre ses capacités à se « mitoser » et à se déplacer à travers tout le corps, elle entreprend sa cavale meurtrière comme une villégiature anatomique. Le poumon, le cerveau, le foie… elle va partout.
« Cette cellule a toujours quelque chose à dire alors qu'elle ne sait rien. Sa naïveté et ses bonnes intentions la rendent nocive. Au fond, je crois qu'elle traduit la folie humaine. Sans prendre de recul, en prenant tout au premier degré comme Durdur, l'homme devient dangereux pour lui-même », commente l'auteur.
Le droit de « tout » dire ?
Écrire une telle histoire relève d'un exercice délicat, où il faut conjuguer rythme et pertinence scientifique, tout en instillant une dose d'humour sans jamais choquer ou déranger.
Ce travail a débuté par hasard, lors d'un atelier de création auquel Philippe Fabri s'était inscrit : « La formatrice m'a demandé de jouer devant les autres participants un article que j'avais écrit. Tous ont été captivés, ce qui m'a motivé pour aller plus loin dans cette démarche. » A suivi un long travail d'écriture, laissant parfois l'auteur perplexe sur ses choix : « L'écriture de certaines scènes m'a donné la nausée et je me suis demandé à plusieurs reprises si j'avais le droit de dire telle ou telle chose. »
Pour la mise en scène, Philippe Fabri a fait appel à Cathy Douglas et Yves-Marie Martin, comédiens professionnels du Collectif les Douglas's. « Nous sommes quatre sur scène : deux comédiens (Philippe Fabri et Martine Aubineau), une chanteuse (Cathy Douglas) et un musicien (Yves-Marie Martin). » Le quatuor offre une pièce efficace et généreuse, servie par un jeu tonique et convaincant et par des chansons accrocheuses.
Prendre ses distances
« La réflexion sur la maladie m'a porté tout au long de l'écriture. Je me suis interrogé sur ce qu'il fallait faire de cette cellule cancéreuse, de cette part de soi qui détruit peu à peu l'organisme. Les patients invités lors des répétitions publiques m'ont confié que cette pièce les avait aidés à prendre de la distance avec leur cancer, à s'en libérer un peu. J'espère qu'elle contribuera ainsi à porter un autre regard sur le cancer et à redonner la joie indispensable à la vie. »
Trois représentations sont prévues les 10, 11 et 12 juin à la salle des fêtes de Sainte-Pezenne (Niort).
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