Accusé par le laboratoire Riemser, fabricant allemand du Thiotepa, d’avoir falsifié la date de péremption de l’anticancéreux, le laboratoire Genopharm, qui le distribue en France, contre-attaque.
« Nous avons décidé de porter plainte contre Riemser pour diffamation », annonce au « Quotidien » Valéry Monin, président de Genopharm. C’est en effet sur la base des accusations de Riemser que l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a ouvert une enquête sur Genopharm, qui a mis en évidence un sous-dosage des lots de Thiotepa, peut-être dû à l’expiration de sa date de validité. Cette enquête pourrait déboucher sur une suspension d’autorisation d’exploitation du laboratoire. Mais Genopharm n’en reste pas là et porte également plainte contre X pour sous-dosage du Thiotepa.
« Nous disposons d’une étude de stabilité sur le Thiotepa, qui montre qu’au bout de 24 mois, le médicament n’est en aucun cas altéré par une diminution de sa teneur en principe actif, affirme Valéry Monin. Cette étude indique également que lorsque le produit se dégrade, il se polymérise. Or, l’AFSSAPS a précisé que les lots de Thiotepa analysés étaient exempts d’impuretés ». Pour Valéry Monin, cela prouve que le Thiotepa a été sous-dosé au stade de la fabrication. Le patron de Genopharm assure également que les certificats remis à l’AFSSAPS étaient ceux que lui avait transmis le laboratoire Riemser, « sans y avoir modifié une ligne ». Valéry Monin va encore plus loin, et assure que Riemser, qui vend un médicament similaire, le Tepadina (vendu selon lui trois fois plus cher que le Thiotepa), « organise une pénurie en France du Thiotepa pour pouvoir inonder le marché avec le Tepadina. C’est donc l’appât du gain qui guide le laboratoire Riemser dans cette affaire ».
L’affaire suit son cours, selon l’AFSSAPS.
Il reste que sur son site l’AFSSAPS indique qu’« une opération coordonnée de l’AFSSAPS et des autorités de santé helvétiques a fait apparaître que la falsification des documents avait très probablement été opérée par la société Alkopharma basée en Suisse ». Alkopharma est une entreprise liée à Genopharm, qui assure le conditionnement du Thiotepa, et fournit le tout à Genopharm. L’AFSSAPS ajoute que « les suites administratives envisagées sont la suspension des autorisations d’ouverture des deux établissements pharmaceutiques Genopharm et Alkopharma, sans préjudice des poursuites judiciaires (pénales) qui pourraient être décidées par la justice ».
Contactée par « Le Quotidien », l’AFSSAPS se borne à indiquer que « l’affaire suit son cours » et ne précise pas la date à laquelle pourrait être suspendu Genopharm. Dans cette hypothèse, le laboratoire français pourrait cependant continuer à exploiter les médicaments de son portefeuille ne disposant pas d’équivalent thérapeutique. Alkopharma vient quant à lui de se faire interdire par Swissmedic, l’équivalent helvétique de l’AFSSAPS, de fabriquer des médicaments, d’en importer ou d’en exporter.
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