L’évaluation nutritionnelle d’un malade atteint de cancer doit être intégrée au dispositif d’annonce. Selon le résultat de cette évaluation et le traitement oncologique programmé, une consultation spécialisée sera demandée. Dans tous les cas, des informations nutritionnelles adaptées à la pathologie seront fournies au patient.
La dénutrition est un état pathologique résultant d’un déséquilibre entre une insuffisance d’apports ou d’utilisation des nutriments et les besoins nécessaires au maintien d’un fonctionnement normal de l’organisme.
En cancérologie, la réduction des ingesta est un des mécanismes majeurs à l’origine de la dénutrition.
L’une des premières conséquences cliniques de la dénutrition est la perte de poids. Or une perte de poids est un bon marqueur de complication, souligne le Dr Pierre Senesse (Montpellier) en précisant qu’en oncologie médicale, une perte de poids de 5 % ou plus par rapport au poids habituel ou au poids de forme dans les 6 mois est un facteur de mauvais pronostic.
Il est donc recommandé de peser le patient à chaque visite, de consigner dans le dossier l’évolution de la perte de poids, de notifier en pourcentage le delta entre le poids actuel par rapport au poids habituel.
L’évaluation nutritionnelle d’un patient atteint de cancer comprend aussi le calcul de l’indice de masse corporelle, qui cependant ne doit pas être utilisé seul, à cause de son manque de sensibilité et de spécificité.
L’évaluation systématique des ingesta est conseillée, au minimum à l’aide d’une échelle analogique (visuelle ou verbale) et au mieux par un diététicien.
Critères biologiques.
L’hypoalbuminémie est associée à un risque accru de morbidité et de mortalité, quelque que soit le type de cancer. Une hypoalbuminémie ‹ 30 g/l est un facteur de mauvais pronostic en chirurgie et ceci de façon indépendante au statut inflammatoire. Il est donc recommandé d’intégrer l’albuminémie dans le bilan préopératoire. En oncologie médicale, le seuil d’hypoalbuminémie se situe à 35 g/l en tant que facteur pronostique.
La CRP (C-Reactive Protein) est une variable indépendante déterminant le degré de perte pondérale. Plusieurs études ont montré qu’une augmentation de la CRP entre 5 et 10 mg/l majore significativement le risque de mortalité et que toute CRP› 5 mg/l traduit une augmentation du risque de complications.
Il est donc recommandé de doser la CRP et de l’intégrer au sein d’un score global (modified –Glasgow Pronostic Score, m-GPS). Ce score, qui intègre albuminurie et CRP, est prédictif de survie indépendamment du stade tumoral, des capacités fonctionnelles du patient et du traitement (actif ou palliatif).
En cas d’utilisation d’un score multidimensionnel de dépistage pour évaluer le statut nutritionnel, il est recommandé d’utiliser le SGA (Subjective Gobal Assessment) ou le PG-SGA (Patient Generated –Subjective global Assessment) ou le MNA (Mini-Nutritionnal Assessment) en gériatrie.
INCa-SFNEP Nutrition et cancer Xavier Hébuterne (Nice), Pierre Senesse (Montpellier).
exergue
noter la perte de poids en pourcentage
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