La prévention est un levier majeur dans la lutte contre les cancers : 40 % d’entre eux sont évitables. Pour ses 100 ans, la Ligue contre le cancer a donc ouvert les 1ers États généraux de la prévention des cancers, en partenariat notamment avec le CESE (Conseil économique, social et environnemental), l’INCa et Unicancer. Les 1ers États généraux des malades organisés par la Ligue en 1998 avaient conduit à inscrire le patient au cœur du parcours de soins, à mettre en place l’INCa et le premier Plan cancer. L’association espère que ceux-ci auront le même impact.
Un travail avec les plus jeunes
Ils sont l’aboutissement d’un an de travail. En effet, des ateliers-débats d’une cinquantaine de personnes (institutionnels, professionnels de santé et représentants de la société civile) ont fait émerger des propositions d’actions, soumises ensuite à deux concertations citoyennes en ligne qui ont recensé 1 500 contributions significatives.
Puis l’opération « Un comité, une école » a été mise en place. « Nous avons demandé aux comités départementaux d’organiser au sein d’établissements scolaires des séances de réflexion libre afin que des enfants, de 9 à 14 ans, expriment spontanément leurs connaissances sur les risques de cancer et les moyens qu’ils proposent pour les combattre », explique le Pr Jacqueline Godet, présidente de la Ligue. Lors de l’année scolaire 2017-2018, plus de 3 100 enfants ont réfléchi sur le sujet et proposé de nombreuses actions. « Ce qui nous a beaucoup frappés, c’est qu’ils connaissent beaucoup mieux que nous n’imaginions les risques de cancer. Sans tabous ni conscience de la complexité des choses à mettre en œuvre, ils sont souvent plus exigeants que les adultes, et n’hésitent pas à interdire. Les propositions sont parfois décoiffantes », rapporte le Pr Godet. Décoiffantes, mais également bien de leur époque, parfois radicales, et souvent de bon sens : montrer l’exemple dans les émissions de téléréalité et sur YouTube ; interdire aux parents de fumer devant les écoles ; rappeler à la plage de mettre de la crème solaire sur une banderole tractée par un avion… Ils attendent aussi des adultes qu’ils leur montrent l’exemple…
Inclure et responsabiliser chaque citoyen
Présentées pendant ces États généraux lors du « parlement des enfants », les principales propositions ont été intégrées à celles des ateliers-débats et des concertations citoyennes pour aboutir à un Livre blanc et à 11 « propositions phares ». Elles s’articulent autour d’une politique de prévention à la fois inclusive, efficace et équitable, c’est-à-dire qui « doit concerner tous les citoyens, notamment les plus vulnérables vis-à-vis des risques de cancer », précise le Pr Godet. Elles visent à renforcer l’implication des citoyens à travers des plateformes participatives et des jurys citoyens, à rendre l’information au grand public accessible à tous, à responsabiliser les chefs d’entreprise vis-à-vis des risques encourus par les salariés, et préconisent de recourir au dossier médical partagé comme un outil de prévention, témoin des dépistages et vaccinations effectués, et de créer le métier de « délégué prévention santé », acteur local de proximité.
Vers une prévention plus efficace avec le toxiscore
Pour renforcer l’efficacité de la prévention, il est proposé de passer les dépenses de santé allouées à la prévention organisée de 2,2 % à 10 %, et de consacrer 20 % du budget de la recherche sur le cancer à la recherche en prévention. Idée ingénieuse, la création d’un Toxi-Score, à l’image du Nutri-Score, pour connaître les toxicités des produits de la vie quotidienne. Il conviendrait également d’augmenter les taxes sur le tabac et l’alcool, de former et professionnaliser tous les acteurs de la prévention, et de développer des outils numériques d’information sur les risques.
Réduire les inégalités de santé grâce à l’exposome
Enfin, pour concevoir une prévention équitable, il faudrait que chacun puisse connaître son « exposome », c’est-à-dire son exposition cumulée aux facteurs de risque depuis sa naissance. Il est aussi proposé de mettre en place pour tous des consultations de prévention (à 25, 50 et 75 ans), de rendre obligatoire et gratuite la vaccination contre le papillomavirus des filles et des garçons, de reconnaître les cancers professionnels avérés et d’en organiser la réparation, et de sensibiliser à l’école, dès le plus jeune âge, à la prévention.
D’après la conférence de presse organisée lors des 1 ers États généraux de la prévention des cancers, le 21 novembre
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