Construire la cancérologie d'aujourd'hui et de demain. À l'approche de la présidentielle, la convention nationale des centres de lutte contre le cancer (CLCC), qui s’est tenue les 15 et 16 novembre, a développé les défis à relever en cancérologie. « Il y a un enjeu stratégique autour de la médecine de précision dans toutes ses dimensions, et notamment le diagnostic moléculaire », relève le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, alors que les difficultés de remboursement menacent toujours l’accès aux tests oncogénétiques.
La médecine de précision concerne également le traitement local : chirurgie et radiothérapie. Ainsi, « la construction du projet thérapeutique doit s’appuyer sur une adaptation de la prise en charge en fonction de la complexité de la présentation clinique de la maladie », précise le président d’Unicancer.
Il faut également prendre en compte le contexte de réseaux afin que les patients puissent être adressés dans des centres de référence en cas de nécessité de gestes ou de technologies complexes. « La médecine de précision, c’est donc avant tout pouvoir proposer une adaptation du traitement et du site de prise en charge pour procurer à tous le même niveau de soins », synthétise le Pr Blay.
Ainsi, à l’heure de la médecine de précision, les enjeux autour de l’égalité et de l’amélioration de la prise en charge ont mené au développement d’une plateforme en vue de l’élection présidentielle.
Quatre axes majeurs
Prochainement disponible, la plateforme présidentielle créée par Unicancer se veut ouverte et collaborative. « Des contributions et réactions pourront y être apportées de la part de nos partenaires et des associations de patients », précise Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer. Prise en charge globale, décisions partagées, moyens alloués, innovation, quatre grands axes sont proposés.
Pour le premier, il est question de garantir une prise en charge globale et coordonnée sur l’ensemble du territoire. Selon le Pr Blay, l’objectif est « une prise en charge holistique et globale, qui ne se contente pas de traiter l’organe ou la maladie, mais qui laisse également une place à la prévention ». Cette stratégie à long terme suppose de travailler sur la coordination entre la ville et l’hôpital. Dans ce contexte, la prévention tertiaire des patients guéris est également un enjeu, afin d’éviter les seconds cancers.
Le deuxième axe vise à adopter un modèle agile d’interactivité des décisions partagées. La méthode « agile » met en avant la collaboration entre des équipes pluridisciplinaires, où l’interactivité des décisions partagées signifie inclure le patient. « Il faut développer un modèle ambitieux de patients partenaires en cancérologie », annonce le président d’Unicancer, qui souhaite également renforcer le dispositif envers les proches aidants. Et pour favoriser l’inter-activité du modèle, l’essor du numérique s’inscrit là aussi comme un enjeu majeur.
Le troisième point, qui n'est pas des moindres, s'attaque à la question d'une meilleure gestion des moyens financiers et humains. La crise sanitaire a été un révélateur des tensions hospitalières. Ainsi, l’objectif est de calquer les modes de financement sur l’évolution des organisations et de la science. Et, afin d’accroître les ressources humaines, « il faut renforcer l’attractivité des carrières universitaires, de certaines spécialités et de professions paramédicales », précise Sophie Beaupère, qui souligne l’importance de développer et valoriser les compétences métiers.
Enfin, le quatrième thème concerne le déploiement de la recherche et de l’innovation au service des patients. S’il est nécessaire de « libérer les capacités à innover », il faut également « permettre un accès égalitaire aux dernières techniques diagnostiques et thérapeutiques sur l’ensemble du territoire national, rappelle le Pr Blay. C’est un enjeu clé si on veut continuer à établir notre position de leader au niveau européen ! Cela s’appuie sur une excellence de routine ». Unicancer insiste sur l'importance de sécuriser le financement de l’innovation et d'en assurer un pilotage efficace.
D’après la conférence de presse d’Unicancer, le 16 novembre 2021
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