Cancers du sein : les triples négatifs

Un groupe plus hétérogène qu’il n’y parait

Publié le 11/09/2014
Article réservé aux abonnés

Les triple négatifs sont en majeure partie des cancers de type basal-like, si l’on se réfère à la classification initiale fondée sur les analyses de transcriptomes (c’est-à-dire sur la quantification de l’expression de milliers d’ARNm de la tumeur) établie en 2000 par Perou et Sorlie (1). Néanmoins, les basals-like englobent un groupe de cancers du sein plus large que les seuls triple négatifs. Autrement dit, les basals-like ne sont pas tous triple négatifs ; et inversement, les triple négatifs ne sont pas tous basal like. Ultérieurement d’autres classifications moléculaires ont été décrites, sans remettre en cause la classification initiale, mais permettant de compléter l’analyse de cette hétérogénéité tumorale. Plus récemment,

la classification de Curtis et al. sur les analyses de séquençage de l’ADN haut débit de 2000 tumeurs du sein (2), ont réparti les cancers du sein en dix sous-groupes dits « Integrative Clusters-IntCluster » allant des tumeurs les moins instables chromosomiquement - peu de mutations : cluster 1 - aux tumeurs les plus instables chromosomiquement - mutations plus nombreuses et plus complexes : cluster 10 - associées au pronostic le plus péjoratif. L’instabilité chromosomique est en effet globalement de mauvais pronostic. A nouveau les triple négatifs n’entrent pas dans un seul groupe. Or, si environ 75 % des triple négatifs appartiennent au cluster 10, très instable, les autres sont dans le cluster 4. Donc a priori de meilleur pronostic.

« Et l’on pourrait continuer la démonstration dans d’autres classifications…, ajoute le Dr Patricia de Cremoux (CHU Saint-Louis, Paris). En pratique clinique, il faut savoir que les cancers triple négatifs n’évoluent pas tous de la même façon. Secundo, cette hétérogénéité moléculaire ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques (voir ci-dessous), avec à la clé une possible individualisation du traitement de ces tumeurs en fonction de leur signature génétique, voire épigénétique. Et, du moins on l’espère, un gain pour les femmes ».

« Bref, les pistes se multiplient. Et les progrès dans les outils d’analyse moléculaire des tumeurs les rendent et les rendront à l’avenir plus accessibles à des analyses diagnostiques pour une personnalisation des traitements ».

Entretien avec le Dr Patricia de Cremoux (CHU Saint-Louis, Paris)

BL Rapoport et al. Triple Negative Breast Cancer Pathologic Diagnosis and Current Chemotherapy Treatment Options. Oncology & Hematology Review, 2014;10(1):25–32

(1) CM Perou, P Sorlie. Nature; 2000;406:747-752

(2) Nature 2012; 486:346-352

Pascale Solère

Source : Congrès spécialiste