« La mortalité liée aux cancers en France est en baisse ; le cancer est devenu une maladie plus chronique, et de ce fait la place des soins de support s’est accrue », a indiqué Stéphane Billon, avant de rappeler que les soins de support recouvrent tous les soins qui prennent en charge les conséquences de la maladie et de ses traitements, notamment la douleur ou la fatigue.
Les études menées ces dernières années soulignent l’importance des soins de support en complément du traitement spécifique du cancer. Notamment, des données présentées en septembre 2015 au congrès de l’ESMO (European society for medical onvology) montrent bien l’impact de la douleur sur la survie globale des patients atteints de cancers avancés traités par chimiothérapie. « En 2011 déjà, nous avions mis en évidence l’impact majeur de la sévérité de la fatigue sur la survie », a rappelé le Dr Reza Elaidi, coordinateur de l’étude qui s’est attachée à évaluer la relation entre la douleur, qui concerne 70 % des patients, et la durée de vie.
Ce travail rétrospectif, réalisé à partir des données collectées par le biais du programme PROCHE (Programme d’optimisation du circuit des chimiothérapies), a porté sur 2023 patients, qui présentaient des cancers métastatiques de localisation très variée (bronchopulmonaire, rénale, ORL…). La douleur prise en compte était celle rapportée par le patient sur toute la durée de la chimiothérapie (« trajectoire » de la douleur, évaluée en grades NCI, Institut national du cancer). Le résultat majeur est la différence nette de survie selon l’intensité de la douleur : 53 mois pour les patients peu douloureux, 30 mois pour ceux dont la douleur était d’intensité moyenne et de 15 mois pour ceux ayant des douleurs sévères.
De façon intéressante, les auteurs ont rapporté une homogénéité de l’intensité de la douleur d’un type de tumeur à l’autre et un lien entre fatigue et douleur. Il est bien sûr difficile d’établir un lien de causalité entre l’intensité de la douleur et la survie en l’absence d’études randomisées. Mais les patients indemnes de douleurs au début du suivi qui ont ensuite vu leur douleur augmenter ont eu une survie moindre, alors que ceux qui rapportaient des douleurs au début du suivi mais ont été rapidement soulagés ont eu une meilleure survie. « Il s’agit là d’un argument majeur en faveur d’une relation causale entre douleur et mortalité », a estimé le Dr Reza Elaidi. « Les souffrances du patient ont un impact sur la survie, a souligné le Dr Florian Scotté. Et une attention toute particulière doit être portée à l’évolution de la douleur du patient. » Il apparaît donc important de ne pas se focaliser uniquement sur les chimiothérapies et les thérapies ciblées et penser aux autres volets de la prise en charge globale du patient, en particulier la douleur, dont le coût est en outre très modeste par rapport à celui des traitements spécifiques.
D’après le symposium « Douleur et cancer : quels enjeux dans les soins de support », organisé par le laboratoire Kyowa Kirin (anciennement ProsTrakan)
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