L’immunothérapie, qui vise à stimuler les défenses immunitaires au lieu de s’attaquer directement aux cellules tumorales, s’est imposée en cancérologie. Mais ce traitement prometteur ne semble toutefois pas efficace chez tous les patients et les mécanismes à l'origine de la résistance restent mal connus.
À Toulouse, une équipe du centre de recherche en cancérologie spécialisée dans l'oncogénétique et l'immunité du myélome multiple, sous la direction du Pr Hervé Avet-Loiseau et du Dr Ludovic Martinet, a identifié des mécanismes qui régulent la destruction des cellules cancéreuses par les lymphocytes tueurs.
« Nous travaillons sur la molécule CD226 depuis une dizaine d’années et au départ, nous pensions qu’il ne s’agissait que d’un récepteur accessoire, explique le Dr Ludovic Martinet. En réalité, nous nous sommes aperçus qu’elle joue un rôle critique dans l’adhésion du lymphocyte sur sa cible et sur sa capacité à reconnaître les cellules cancéreuses. »
En travaillant sur une première cohorte rétrospective de 177 patients atteints de myélome multiple, à partir d’échantillons de recherche congelés, l’équipe toulousaine a mis en évidence que la molécule CD226 est fréquemment absente à la surface des lymphocytes tueurs chez les patients atteints de cancer. « Nous avons ensuite testé cette découverte sur des échantillons de patients atteints d’autres pathologies, (cancer du poumon, du sein de l’ovaire), ainsi que sur des modèles murins, explique le médecin. Et nous sommes arrivés à un constat identique. En moyenne, quel que soit le type de cancer, la moitié des lymphocytes d'un patient n’ont pas la molécule CD226, or en l’absence de cette molécule les lymphocytes sont beaucoup moins fonctionnels. La CD226 est donc un mécanisme clé de résistance à l’immunothérapie ».
Mieux cibler les patients
Pour le professeur Julien Mazières, pneumo-oncologue au CHU de Toulouse, qui a contribué aux travaux de Ludovic Martinet, c’est une découverte considérable. « Jusqu’à présent nous traitions tous nos patients atteints de cancers du poumon par immunothérapie, sans regarder les marqueurs. Désormais, l’absence ou la présence de ce CD226 chez un patient va nous permettre de savoir si l’immunothérapie a le plus de chance d’être efficace et, le cas échéant, d’adapter la molécule d’immunothérapie ou de réfléchir à des stratégies d’associations de molécules », décrit le médecin.
L'immunothérapie a démontré son intérêt dans de nombreux cancers et le Pr Julien Mazières a participé à deux essais cliniques concluant à son efficacité et sa faible toxicité à long terme dans le cancer bronchique. Si la maladie reste grave, le nombre de patients en survie à quatre ans double avec l'immunothérapie. Même atteints d'une forme métastatique, certains patients dits longs survivants vivent plus de trois, quatre voire cinq ans. « Les effets secondaires tels que la toux, l’essoufflement, la fatigue sont moindres ; de même que l’anxiété et la dépression, ce qui joue considérablement sur la qualité de vie des patients », souligne le spécialiste.
M Weurlesse et al. Immunity 2020;53(4):704-6
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024