À l'occasion de la journée du cancer de l'enfant le 15 février, l'accent a été mis sur le retard à rattraper dans l'amélioration de la prise en charge par rapport aux progrès réalisés pour les plus âgés. Chez les adultes atteints de cancers et soignés par chimiothérapie, l’application du laser de faible puissance utilisée en soins de support fait partie du schéma courant de prise en charge pour soulager les effets secondaires douloureux. Mais ce n’est malheureusement pas encore le cas pour les enfants.
« À ce jour, dans la trentaine de centres qui soignent des enfants atteints de cancer en France, il n’existe aucun protocole homogène de soins par laser pour les soulager des effets secondaires, pourtant fréquents et douloureux, de la chimiothérapie », observe la Pr Marlène Pasquet qui pilote une étude toulousaine sur le sujet. Certains centres appliquent une séance de laser une à deux fois par jour, d’autres une fois tous les deux jours, d’autres pas du tout…
C’est ce constat qui a conduit l’équipe toulousaine à lancer l’étude Curalase01 au sein du service d’hémato-oncologie de l’hôpital des enfants. Labellisée par la Société française de lutte contre les cancers de l’enfant (SFCE) et dotée d’un financement de l’Institut national du cancer (INCa) de 700 000 euros, cette étude, réalisée en partenariat avec la Dr Emmanuelle Noirrit-Esclassan du service d'odontologie pédiatrique du CHU de Toulouse, a pour ambition de servir de base à l’établissement d’un protocole national.
Le laser efficace contre les mucites
Chez les patients traités par chimiothérapie, les mucites oropharyngées, qui transforment la bouche en « champs d’aphtes », sont quasiment inévitables. « Les cellules buccales, qui se renouvellent en permanence, sont détruites par l’action cytotoxique de la chimiothérapie et cela provoque ces inflammations très douloureuses, cinq à sept jours après le début du traitement », décrit la Pr Pasquet.
Ces douleurs sont habituellement soulagées par des traitements symptomatiques locaux (bains de bouche), des antalgiques et dans les cas les plus sévères par morphine.
« Mais elles impactent très fortement la qualité de vie des patients, notamment chez les enfants qui ne s’alimentent plus, rapporte la médecin. Au point de nous conduire parfois à réduire les doses de chimiothérapie ou à stopper momentanément les traitements. »
Inclure 406 patients dans le protocole
Lancée en mai 2021, l’étude Curalase01 a inclus à ce jour 26 patients dans 12 centres de traitement du cancer dont 6 à Toulouse, et elle se déploie actuellement dans 6 nouveaux centres (Besançon, Nancy, Reims, Strasbourg, Caen et Le Havre). À terme, l’objectif est d’inclure 406 patients dans ce protocole qui prévoit un balayage extra-oral avec la lumière rouge du laser puis une application sur les lésions douloureuses à l’intérieur de la bouche.
L’étude randomisée compare deux cohortes distinctes. La première bénéficiera du laser tous les deux jours, l’autre tous les jours. « En mai prochain, nous prévoyons une analyse intermédiaire pour mesurer l’incidence du laser sur l’évolution de la douleur et la taille des aphtes et pour valider si l’un des deux protocoles donne de meilleurs résultats. Si les différences ne sont pas encore notables, l’étude se poursuivra », précise la Pr Pasquet.
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