Un mécanisme d’action qu’il reste à comprendre

Un taux élevé de HDL cholestérol protégerait contre le cancer colique

Publié le 21/03/2011
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Crédit photo : BSIP

LES ÉTUDES épidémiologiques ont montré que les personnes qui présentent un syndrome métabolique ont un risque accru de cancer colorectal. Toutefois, peu de travaux ont exploré le rôle de la composante dyslipidémique du syndrome métabolique sur la survenue du cancer colorectal : les résultats concernant le cholestérol total et les triglycérides ont été incohérents ; les données concernant le HDL, l’apoA-1 et l’apoB sont rares.

Un travail réalisé dans le cadre de l’étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) a été conduit pour étudier les relations entre les concentrations sériques de lipides et des lipoprotéines sur le risque de cancer colorectal.

Rappelons brièvement qu’EPIC est une étude de cohorte prospective multicentrique destinée à étudier les relations entre, d’une part, alimentation, mode de vie et environnement et, d’autre part, l’incidence de différents types de cancers. Les cohortes proviennent de 23 centres de 10 pays d’Europe : Danemark, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède et Royaume-Uni. Au total, 521 448 sujets, dont environ 70 % de femmes, âgés pour la plupart de 35 à 70 ans, ont été inclus entre 1992 et 2000.

Parmi les signataires du travail concernant lipides et cancer colorectal publié dans « Gut », signalons une équipe de l’INSERM de l’Institut Gustave-Roussy (Marie-Christine Boutron-Ruault, Françoise Clavel-Chapelon et Vanessa Cottet) et une équipe du CIRC de Lyon (Véronique Chajes, Veronika Fedirko et Sabina Rinaldi). Ce nouveau travail a porté sur 1 238 cas de cancer colorectal développé après l’inclusion, qui ont été appariés à 1 238 sujets contrôles.

Après ajustements, il est apparu que les concentrations de HDL et d’apoA étaient inversement associées au risque de cancer colique. En revanche, cette association n’existait pas pour le cancer rectal. Au final, après ajustements pour des biomarqueurs d’inflammation systémique, d’insulinorésistance, de stress oxydatif et après exclusion de deux premières années, l’association persistait entre HDL et risque de cancer du côlon.

Conseils de mode de vie.

« Ces résultats montrent que des concentrations élevées de HDL sérique sont associées à une diminution du risque de cancer colique, indiquent les auteurs. Si ces résultats se confirment, ils pourraient être utilisés, en même temps que d’autres facteurs de risque modifiables déjà appliqués en clinique, pour conseiller aux patients de changer leurs habitudes de vie. »

Comment expliquer cet effet protecteur du HDL ? Nous n’en sommes qu’aux hypothèses.

On sait que des baisses du HDL cholestérol ont été corrélées à une augmentation des taux circulants de cytokines proinflammatoires (IL6, TNF alpha) ; à l’opposé, des augmentations des cytokines anti-inflammatoires (IL10) ont été associées à une augmentation du HDL. Les cytokines proinflammatoires semblent stimuler la croissance et la prolifération cellulaires et inhiber l’apoptose, alors que les cytokines anti-inflammatoires inhibent la production des cytokines proinflammatoires. Ces constatations suggèrent que le HDL pourrait moduler la carcinogenèse colique par le biais du système inflammatoire. Une autre hypothèse passe par la modulation du stress oxydatif. Une autre encore par l’insulinorésistance (mais la présente étude suggère que cette hypothèse n’est pas la bonne). Les auteurs ne peuvent exclure qu’une baisse du HDL cholestérol constitue en elle-même un facteur de risque de cancer colique.

Fränzel van Duijnhoven et coll. Gut, 2011. doi:10.1136/gut.2010.225011.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8927