« QUAND ON REGARDE toutes les publications internationales aujourd’hui, on s’aperçoit que l’activité physique est un élément majeur de prévention de la plupart des pathologies les plus graves », souligne Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité française. En 2008, 47 études scientifiques et indépendantes, sur 62 publiées, sont venues confirmer le rôle positif de l’activité physique, avec une réduction significative du risque de cancer du sein de 20 à 30 %*. Des résultats confortés par l’étude WHEL (Women’s Healthy Eating and Living Study), qui rapporte un risque de rechute réduit de 44 % pour les femmes qui marchent 30 minutes par jour, 6 fois par semaine. Or, si les effets bénéfiques de l’activité physique sur le cancer du sein sont indiscutables, il existe encore peu de données françaises sur le sujet. Les objectifs de cette première étude « Bougez contre le cancer », qui se poursuivra jusqu’à fin mars 2011, sont donc d’évaluer la pratique sportive des femmes ayant eu un cancer du sein et d’identifier les craintes qui les limitent dans cette pratique.
L’enquête, rédigée par des experts du service de médecine du sport du CHU de Clermont-Ferrand et du service médical de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), comprend deux volets. Le premier s’adresse directement aux femmes. De manière anonyme, il aborde leur âge, leur mode de vie ainsi que l’historique de leur maladie (ancienneté, traitements...). Cette première partie de l’enquête se conclut par le questionnaire BAPAC (Barrier to Physical Activity in Cancer). Développé auprès de patientes ayant eu un cancer du sein, le BAPAC permet d’évaluer les facteurs limitant la pratique d’une activité physique (crainte d’une récidive, fatigue, état dépressif...). « À noter que l’activité physique ne correspond pas uniquement au sport, précise le Dr Christian Jamin, président de l’AFACS. Elle inclut toutes les activités musculaires de la vie quotidienne, comme la marche à pied, les tâches domestiques ou encore les loisirs. »
Quelle prescription ?
Le deuxième volet de l’enquête, également accessible sur le site www.bougezcontrelecancerdusein.fr (avec le mot de passe « Praticien »), est destiné aux professionnels de santé : gynécologues, oncologues et médecins généralistes. À remplir en 8 minutes, il comporte une vingtaine de questions sur leur spécialité et leur pratique de l’activité physique. Le questionnaire s’intéresse également à leur comportement, en consultation, face à une femme ayant eu un cancer du sein. Il se termine enfin, comme le volet destiné aux femmes, par le BAPAC. « Par cette double approche, nous cherchons à mesurer l’influence du médecin et de ses habitudes sur la prescription de l’activité physique chez les femmes », explique le Dr Jamin. De 200 à 300 réponses de professionnels de la santé sont attendues.
Les résultats de l’enquête, analysés par le service de biostatistiques du CHU de Clermont-Ferrand, seront publiés à la fin de 2011 dans une revue scientifique. Alors que le nombre de nouveaux cas de cancer du sein diagnostiqués chaque année a doublé en 25 ans, « l’identification des facteurs qui limitent l’activité physique permettra de renforcer et d’améliorer l’information faite aux femmes ». Ils donneront également aux professionnels de la santé les moyens de discuter davantage de ces effets bénéfiques avec leurs patientes. La Mutualité française, avec son service d’information et de conseil Priorité Santé Mutualiste, espère de son côté profiter de cette analyse pour proposer à ses adhérents des programmes d’accompagnements personnalisés pour la reprise d’une activité sportive après un cancer du sein.
* Friedenreich CM, Cust AE. Physical activity and breast cancer risk : impact of timing, type and dose of activity and population subgroup in breast cancer effects. Br J Sports Med 2008.
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