L’IDÉE d’un programme d’accompagnement en soins de suite après un traitement pour cancer du sein répond à un besoin exprimé par les patientes : « Les centres de convalescence actuels ne sont pas adaptés à la prise en charge de ces femmes en post-cancer, explique le Pr Bignon, alors, pour la majorité d’entre elles, le retour à domicile se fait directement après la sortie d’hôpital, et, souvent il se révèle difficile. » La transition peut paraître brutale en effet. Durant la phase hospitalière, les femmes se sentent souvent bien entourées, puis elles se retrouvent seules à domicile, livrées à elles-mêmes. Elles n’auront pas eu le temps de mettre en place les nouveaux outils nécessaires à une véritable reprise d’autonomie : « De nombreuses femmes vivent mal cette phase post-traitement. Beaucoup d’entre elles passent alors par une phase dépressive. » L’idée était donc de créer un sas entre l’hôpital et le retour à la vie sociale. Le séjour thermal offre l’espace et le soutien nécessaire à une saine reconstruction de l’image corporelle et psychologique. Pour le Pr Bignon, en tant que centres multidisciplinaires, les établissements thermaux apparaissaient comme les structures adaptées pour proposer ce type d’accompagnement et de réhabilitation.
Un programme éducatif.
Il ne s’agit pas d’une cure à proprement parler, mais d’un « séjour thermal », insiste le Pr Bignon. L’objectif est double : améliorer la qualité de vie de ces patientes en post-cancer et réduire, à terme, le risque de rechute. Le programme consiste en un séjour de deux semaines en pension complète, avec une prise en charge personnalisée. Il comprend des soins esthétiques visant à renforcer l’estime de soi et des entretiens psychologiques individuels. L’accent est également mis sur l’éducation nutritionnelle, avec repas diététiques et ateliers de cuisine. Le séjour comprend en outre quatre soins thermaux et deux séances d’activités physiques personnalisées après évaluation individuelle, avec l’aide d’un kinésithérapeute, l’objectif étant de favoriser le retour à une activité physique régulière. « On sait que l’hygiène de vie après un cancer peut influer sur le pronostic de la maladie à long terme, explique le Pr Bignon. La prise de poids après un traitement de chimiothérapie par exemple, est un facteur de risque de récidive. » La prise de poids concerne en effet plus d’une femme sur deux en post-traitement et peut être relativement importante pour certaines d’entre elles (souvent supérieure à 10 %). « On mesure ainsi l’importance de la mise en place d’un programme éducatif adapté. »
Des résultats concluants
Le premier programme, lancé en 2008, a été expérimenté dans trois sites, les stations thermales de Vichy, de Châtel-Guyon et du Mont-Dore, et incluait une centaine de femmes. Les patientes ont été randomisées en deux groupes : celles prises en charge à domicile et celles bénéficiant des mêmes recommandations mais avec un séjour d’accompagnement et de mise en situation pratique en station thermale pendant deux semaines. Les critères d’évaluation de l’étude comprenaient la mesure de l’IMC (indice de masse corporelle), la mesure de la qualité de vie, de l’indice de performance et du niveau d’activité physique et du niveau d’anxiété/dépression selon l’échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression Scale). Enfin, s’y associait une évaluation médico-économique.
Résultats positifs.
Cette première expérience a été un succès : « Le projet a suscité l’enthousiasme, tant chez les équipes impliquées dans ce projet, que chez les participantes elles-mêmes. » Les résultats préliminaires se sont révélés significatifs en faveur d’un bénéfice de l’accompagnement des patientes en séjour thermal. Ils ont mis en évidence une très bonne maîtrise du poids dans le groupe thermal par rapport au groupe témoin, ainsi qu’une augmentation significative du niveau d’activité physique et de mobilisation. Ont également été observés une amélioration significative de la qualité de vie dans le groupe thermal, stable au-delà d’un an, après les deux semaines de séjour en station, une diminution de la dépression et enfin une meilleure reconstruction de l’image corporelle et un renforcement de l’estime de soi. En outre, les premières données sur les coûts induits par la maladie (actes médicaux, médicaments, séances de kinésithérapie) chez les femmes ayant participé au programme indiquent une moindre consommation de soins chez les femmes ayant participé au programme dans la première année qui suit l’inclusion. Reste à évaluer le rapport coût/bénéfice global de ce séjour thermal.
Compte tenu des résultats positifs de cette étude pilote qui visait avant tout à étudier la faisabilité du projet, cette dernière a été relayée en 2009 par le programme PACThe (Programme d’accompagnement et de réhabilitation post-thérapeutique pour les femmes en rémission complète de cancer du sein en stations thermales). Il s’agit d’une étude prospective, randomisée, médico-économique et multicentrique, reprenant le programme de l’étude précédente, qui porte sur 251 patientes dont le recrutement est aujourd’hui terminé. Les résultats sont attendus à la fin de cette année. Si l’intérêt médico-économique d’une telle démarche était validé, de nombreuses femmes pourraient à l’avenir bénéficier du programme.
* Étude soutenue par l’AFRETh (Association française pour la recherche thermale), ThermAuvergne, le conseil régional d’Auvergne, Clermont-communauté, la Ligue contre le Cancer et l’association Le cancer du sein, parlons-en.
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