Spectrométrie par résonance magnétique

Une méthode non invasive pour le pronostic du gliome

Publié le 18/01/2012
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LES GLIOMES, tumeurs cérébrales regroupant les astrocytomes, les oligodendrogliomes et les oligoastrocytomes mixtes, ont un pronostic très variable qui dépend en partie de leur grade de malignité (1 à 4) et des caractéristiques histologiques. Toutefois, des tumeurs de même diagnostic peuvent avoir une évolution très variable, ce qui soulignait le besoin d’identifier d’autres marqueurs pronostiques afin de mieux guider la prise en charge thérapeutique des gliomes.

Une avancée a été faite en 2008 lorsque des études génomiques ont montré que des mutations hétérozygotes des gènes IDH 1 et 2 ( isocitrate déshydrogénase 1 et 2), trouvées dans 86 % des gliomes de grade II et III et des glioblastomes secondaires, sont associées à un pronostic plus favorable.

Ces gènes IDH permettent la synthèse d’une enzyme importante, l’isocitrate déshydrogénase, qui joue un rôle essentiel dans la respiration cellulaire, en favorisant la décarboxylation oxydative de l’isocitrate pour produire l’alpha-cétoglutarate (alpha-KG). Les mutations IDH entraînent la perte de cette fonction, mais elles confèrent aussi un gain de fonction enzymatique favorisant la réduction de l’alpha-KG pour produire le 2-hydroxyglutarate (2-HG), un métabolite potentiellement oncogène, impliqué dans le développement du gliome.

Deux études décrivent maintenant une approche non invasive pour détecter la présence des mutations IDH dans le gliome, par le biais du 2-HG.

La détection du 2-HG.

Elkhaled et coll. (Université de San Francisco) ont utilisé une nouvelle méthode de spectrométrie par résonance magnétique (SRM) pour détecter et quantifier les taux de 2-HG ex vivo dans 104 échantillons de gliomes de grade II récurrent provenant de 52 patients (40 avec mutation IDH, 12 sans mutation IDH). Ils montrent une forte concordance entre la présence de 2-HG et la mutation IDH dans les échantillons. De plus, la production de 2-HG est trouvée avec n’importe quel type de mutations IDH1 et IDH2 et constitue donc un biomarqueur adéquat des mutations IDH de la tumeur.

Andronesi et coll. (Harvard Medical School, Boston) confirment ces résultats in vivo. Utilisant une méthode similaire de spectrométrie par résonance magnétique, ils rapportent la détection in vivo du 2-HG chez 2 patients ayant un gliome avec mutation IDH 1. Ils montrent ainsi que la présence des mutations IDH peut être évaluée de façon non invasive par l’imagerie spectroscopique.

Cette découverte est importante puisqu’il n’existe pas d’augmentation du 2-HG dans le sang, ni dans le LCR ou l’urine des patients atteints de gliome.

« Cette approche pourrait avoir des implications précieuses pour le diagnostic, le pronostic et la stratification des tumeurs cérébrales, ainsi que pour la surveillance du traitement chez les patients atteints de gliome », notent dans un commentaire associé les Drs Philippe Metellus et Dominique Figarella-Branger (hôpital de la Timone, et INSERM UMR911, Marseille).

Science Translational Medicine, 11 janvier 2012, Andronesi et coll., Elkhaled et coll., Metellus et coll.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9068