On incrimine depuis longtemps certains facteurs comme l’alcool ou le tabac, d'être susceptibles de déclencher un épisode de FA, sans qu’aucune étude n’ait réellement été menée pour le certifier, ni vérifier que leur éviction pourrait limiter les crises.
C’était l’objectif de l’étude I-STOP-AFib, où on demandait à des patients d’identifier ces facteurs déclenchants. Ils relevaient la caféine (n = 53), l'alcool (n = 43), le sommeil réduit (n=31), l'exercice (n = 30), la position allongée sur le côté gauche (n = 17), la déshydratation (n = 10), les repas copieux (n = 7), les aliments ou boissons froids (n = 5), certains régimes alimentaires spécifiques (n = 6) et pour quatre d’entre eux des déclencheurs individuels (n = 4).
Un essai basé sur le ressenti des patients
Cette étude menée en collaboration avec des associations de patients était dite « N = 1 », dans la mesure où chaque patient était en lui-même la population de l’essai, puisqu’il identifiait ses propres facteurs déclenchants puis évalue ensuite l’effet de leur suppression.
Les 446 participants (âge moyen 58 ans, 58 % d’hommes), atteints de FA paroxystique, avaient à l’inclusion un questionnaire d’autoévaluation de leur qualité de vie, l’Atrial Fibrillation Effect on QualiTy-of-Life (AFEQT), et leur ECG était suivi grâce à une application mobile de leur smartphone. L’étude a duré dix semaines. Le groupe « N = 1 » était appelé à tester les facteurs qu’ils pensaient impliqués par période d’une semaine pendant six semaines, suivi d’une surveillance de quatre semaines. Les patients recevaient des instructions quotidiennes par SMS pour s'exposer à tel ou tel déclencheur à un moment donné de la semaine, ou pour l’éviter pendant toute la semaine. L’autre groupe (bras contrôle) bénéficiait de la seule surveillance ECG.
La FA était suivie quotidiennement par auto-évaluation et par l’ECG. Le critère de jugement principal portait sur l’effet de la FA sur la qualité de vie à dix semaines. On n’a relevé aucune différence significative dans les scores AFEQT entre les groupes de patients testeurs par rapport au groupe contrôle.
Par contre, au cours du suivi post-intervention de quatre semaines, on constate significativement moins d'épisodes quotidiens de FA lorsque les patients supprimaient le facteur déclenchant par rapport aux témoins au cours de la même période (RR = 0,60, p < 0,001). Cette réduction est essentiellement associée à la consommation d’alcool, la déshydratation et l’activité physique.
L’alcool, seul élément déclenchant identifié
Quand on analyse tous les résultats du groupe N = 1, seule la consommation d’alcool était corrélée à un risque significativement augmenté d’épisodes de FA, alors que c’est la caféine qui est majoritairement mise en avant par les patients. Il n'y avait aucune différence entre les groupes même après ajustement pour l'âge, l’ethnie et le niveau d’éducation.
L’absence d’effet sur la qualité de vie soulève plusieurs hypothèses : il est possible que le suivi ait été trop court, que le score AFEQT n’ait pas été assez sensible, ou que l'éviction de certains éléments déclencheurs comme la consommation d’alcool ou de café, l’arrêt de l’exercice physique ait elle-même retenti sur la qualité de vie. Il faut aussi noter que seulement 72 % des participants ont terminé l’étude.
En attendant des études plus complètes, les auteurs attirent l’attention sur le rôle de l’alcool, et le Pr Marcus suggère que « les personnes pouvant enregistrer leur ECG sur smartphone identifient leurs facteurs déclenchants, que ce soit pour réduire les récidives de FA ou au contraire s’autoriser des éléments qu’ils s’interdisent ».
(1) Gregory M. Marcus et al. «Individualized Studies of Triggers of Paroxysmal Atrial Fibrillation, The I-STOP-AFib Randomized Clinical Trial », JAMA Cardiol. Published online November 14, 2021. doi:10.1001/jamacardio.2021.5010
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