La part inflammatoire de la maladie athéromateuse est mise en avant depuis longtemps, ce qui a récemment motivé des études cliniques pour évaluer des molécules à action anti-inflammatoire. Présentés pour la première fois lors de l’édition 2017 du congrès européen de cardiologie, les résultats positifs de l’étude CANTOS, premier grand essai prospectif du genre, ont fait grand bruit : chez des coronariens stables, un anti-IL1, le canakinumab avait permis de réduire les événements cardiovasculaires majeurs versus placebo. « Le développement de cet anticorps monoclonal en cardiologie n’a toutefois pas été poursuivi, peut être en raison des effets indésirables graves à type de sepsis rapportés dans CANTOS », a indiqué le Pr François Roubille lors de sa communication aux 30es Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC) à Paris en janvier. Mais cet essai a permis de valider le concept de traitement ciblant l’inflammation dans la maladie athéromateuse.
Une réduction de 23% du critère primaire
C’est sur la base de ce même concept qu’est né l’idée d’utiliser la colchicine, qui contrairement au canakinumab est un vieux médicament, connu depuis 1820 et qui a une action inhibitrice pléiotrope de l’inflammation. L’étude COLCOT (Colchicine Cardiovascular Outcomes Trial) a inclus 4745 patients qui ont été randomisés dans les 30 jours (13 jours en moyenne) suivant un infarctus pour recevoir soit de la colchicine à la posologie de de 0,5 mg/ jour (soit la moitié de celle utilisée dans la goutte), soit un placebo. Les résultats, dévoilés pour la première fois lors de la dernière édition du congrès de l’American Heart Association, sont là aussi positifs. Après un suivi moyen de 23 mois, les auteurs ont rapporté une réduction de 23 % des événements du critère primaire (décès cardiovasculaires, arrêts cardiaques ressuscités, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux et réhospitalisations urgentes pour angor nécessitant une revascularisation) : 131 événements sous colchicine versus 170 sous placebo (HR = 0,77 ; IC 95 % : 0,61-0,96 ; p = 0,02). Ces résultats sont également significatifs en analyse perprotocole : HR = 0,71 ; IC 95 % : 0,56-0,90 ; p = 0,004.
« La tolérance a été bonne, avec une plus grande fréquence des nausées (1,8 vs 1 %) et des flatulences (0,6 vs 0,2 %), mais pas de la diarrhée », a rapporté le Pr François Roubille. Les seuls effet indésirables graves, à surveiller, ont été les pneumonies, plus fréquentes chez les patients traités par la colchicine (0,9 % vs 0,4 %). Le nombre de perdus de vue a été faible.
Un effet à confirmer sur le long terme
Ces résultats positifs ont été observés sur une population de patients coronariens classique : 81 % d’hommes, âge moyen de 60 ans, tabagisme dans un tiers des cas, hypertension artérielle dans 50 % des cas, diabète dans 20 % des cas. Les patients avaient majoritairement bénéficié d’une revascularisation par voie percutanée. Ils étaient très bien traités et recevaient de l’aspirine, une bithérapie antiplaquettaire et une statine dans respectivement 99 %, 98 % et 99 % des cas.
Les résultats de cette étude doivent bien sûr être confirmés, car le suivi dans COLCOT était relativement court, et l’effet à long terme du traitement par la colchicine n’est donc pas connu. Un autre essai est d’ailleurs en cours, ainsi qu’une analyse médico-économique en sous-groupe, « dont les résultats devraient être positifs compte tenu du faible coût de la colchicine », a conclu le Pr François Roubille.
D’après la communication du Pr François Roubille, Montpellier, lors des JESFC.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024