Un vieillissement artériel naturel

La physiologie de l’athérome bousculée par des momies géographiquement éloignées

Publié le 11/03/2013
Article réservé aux abonnés
1363089502416406_IMG_100718_HR.jpg

1363089502416406_IMG_100718_HR.jpg
Crédit photo : AFP

L’ÉTUDE INTERNATIONALE HORUS a analysé 137 momies d’égyptiens (3 100 av. J.-C. à 364 ap JC), de péruviens (900 av JC à 1 500 de notre ère), d’indiens pueblos (1 500 av J.-C. à 1 500 ap J.-C.) et d’Unangan d’Alaska (1 756 à 1930 de notre ère).

Le scanner corps entier à la recherche de calcifications vasculaires permettait soit d’authentifier l’athérosclérose lorsque la structure artérielle persistait, soit, lorsqu’elle avait disparu de parler d’athérosclérose probable en présence de plaques calcifiées à l’emplacement des lits artériels.

Près d’un tiers (34 %) des momies examinées présentait des signes d’athérosclérose probable ou définie, soit 38 % des 76 Égyptiens, 25 % des 51 Péruviens, 40 % des 5 Indiens pueblos et 60 % des 5 Unangans (p=NS entre les groupes). Les lésions d’athérosclérose concernaient l’aorte (20 %), les axes ilio-fémoraux (18 %), les carotides (12 %) et les coronaires (4 %) ; 25% avaient des atteintes dans 2 des 5 lits artériels, 8 % dans 3 et 1 % dans les 5 territoires examinés. L’athérosclérose était associée au vieillissement, l’âge au décès étant corrélé à la présence et à l’étendue des lésions (43 ans en cas d’athérosclérose versus 32 ans en son absence, p‹0,0001).

Maladie de civilisation ou de l’humain ?

D’autres études avaient retrouvé une proportion significative de sujets athéromateux parmi les momies égyptiennes. Ce qui pouvait s’expliquer par le statut socio-économique, seule l’élite bénéficiant de la momification, avec probablement une alimentation plus riche en particulier en acides gras saturés et un mode de vie plus sédentaire. Un argument qui ne tient plus pour les autres groupes où la momification résulte de conditions de conservations locales et où les momies pourraient être plus représentatives de la population globale.

Ces groupes étaient très différents que ce soit sur le plan temporo-spatial, génétique, climatique, culturel. Les sources alimentaires et les modes de cuissons différaient aussi : les péruviens étaient des agriculteurs/éleveurs, les indiens Pueblos des agriculteurs/cueilleurs sans animaux domestiques et les Unangans des chasseurs-cueilleurs ne connaissant pas l’agriculture. Tous avaient vraisemblablement une activité physique assez intense.

Pour le Pr Thompson, retrouver des pourcentages d’athérosclérose aussi élevés et aussi proches dans des cultures pré-modernes aussi disparates montre qu’on est loin d’en saisir toute la physiogenèse et suggère que l’athérome serait plus lié au vieillissement de l’être humain qu’à un mode de vie hygiénodiététique particulier.

* Congrès annuel de l’American College of Cardiology, San Francisco ( Etats-Unis)

Dr DOMINIQUE ARREGUI

Source : Le Quotidien du Médecin: 9225