Nouvel outil de diagnostic dans l’infarctus du myocarde

La voie des cellules endothéliales circulantes

Publié le 13/01/2014
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LE NIVEAU DE CELLULES endothéliales circulantes est considéré comme une piste prometteuse pour prédire l’infarctus du myocarde. Avant même qu’un infarctus ne survienne, l’inflammation des parois artérielles provoque en effet des atteintes de l’endothélium et donc une augmentation de la quantité de cellules endothéliales circulantes. C’est à partir de ce constat que Kelly Bethel et ses collègues de la clinique et de l’institut de recherche Scripps ont mis au point avec succès une méthode de diagnostic de l’infarctus du myocarde se basant sur la détection et le décompte des cellules endothéliales circulantes.

Une technologie réappropriée.

Pour y parvenir, ils ont « détourné » une technologie déjà existante qui permettait le décompte des cellules tumorales circulantes et l’ont adapté au décompte des cellules endothéliales. La technique consiste à soumettre les échantillons sanguins des patients à une lyse des érythrocytes, avant de fixer les cellules obtenues en monocouche sur une plaque de verre. On savait que l’on avait affaire à des cellules endothéliales circulantes quand elles se fixaient au DAPI, aux anticorps dirigés contre les protéines de surface CD146 et au facteur de von Willebrand. Il fallait en outre que les anticorps anti CD45 ne puissent pas se fixer sur ces cellules pour confirmer leur "identité", et cela afin d’éliminer le risque de confusion avec des leucocytes.

Les chercheurs ont pratiqué ce test sur 79 patients victimes d’un infarctus du myocarde, ainsi que sur cinq patients contrôles en bonne santé et sur six patients après une chirurgie vasculaire. La concentration médiane était de 13,7 cellules endothéliales circulantes par millilitre chez les patients souffrant d’un infarctus tandis qu’aucune cellule n’était détectée chez les individus sains et chez les patients qui avaient subi un acte de chirurgie vasculaire. Les chercheurs ont comparé les résultats de cette nouvelle technique avec ceux obtenus sur les mêmes patients grâce au kit de détection d’identification et d’énumération des cellules circulantes commercial CellSearch. Si les deux méthodes permettaient de distinguer les patients victimes d’infarctus des patients en bonne santé, les chercheurs ont toutefois calculé que la nouvelle technique présentait une meilleure spécificité.

Un outil parmi tant d’autres...

Le Pr Nicolas Danchin reste réservé devant ces résultats : « Ce que montre cette étude, c’est que l’on est capable, grâce au décompte des cellules épithéliales circulantes, de détecter un infarctus en voie de constitution, mais on dispose déjà de beaucoup d’outils pour cela ». Pour le cardiologue de l’hôpital Européen Georges Pompidou, « il y a une problématique plus intéressante qui est de pouvoir détecter un patient dont les plaques d’athérome risquent de se rompre. Le fait que l’on ne puisse pas distinguer, dans l’étude, les patients sains de ceux qui sortent d’une chirurgie vasculaire montre que cette technique ne répond pas à cette problématique ». La principale difficulté dans la mise au point d’un outil de dépistage plus précoce provient du manque de moyens pour identifier les plaques susceptibles de se rompre. En outre, « les marqueurs circulants sont un signal global, et une plaque d’athérome qui se rompt est un phénomène local », conclut Nicolas Danchin.

Kelly Bethel et coll. Phys. Biol. 11 (2014)

DAMIEN COULOMB

Source : Le Quotidien du Médecin: 9292