ENCORE une idée reçue qui ne résiste pas à l’analyse des études. « On considère généralement que les patients atteints d’une maladie cardiovasculaire doivent éviter le sauna », écrit Nicolas Kluger, dermatologue d’Helsinki, en Finlande, pays natal des séances de chaleur sèche et élevée. Cette croyance est en grande partie erronée, poursuit-il dans « La Presse Médicale », « les patients ayant une maladie cardiovasculaire stable (hypertension artérielle, coronaropathie, insuffisance cardiaque compensée) et traitée peuvent utiliser le sauna sans risque ».
Très faible morbi-mortalité.
Sa démonstration s’appuie sur des études récusant l’idée reçue et sur les données de très faible morbi-mortalité dans les suites d’un sauna. Des Japonais, enfin, semblent même y voir une effet bénéfique au plan cardiaque… Ce qui reste à démontrer.
N. Kluger rapporte à la décharge du sauna, plusieurs études internationales. Aucune n’a montré d’augmentation du risque de thrombophlébite ou d’hémorragie. Un travail mené sur 69 patients dans les suites d’un infarctus du myocarde et 32 témoins a montré la bonne tolérance du sauna dans les 4 à 6 semaines après l’accident. Un autre, réalisée chez 117 patients ayant un antécédent d’infarctus, n’a enregistré qu’un épisode de douleur thoracique, alors que 60 % en déclaraient dans la vie courante. Constats similaires en ce qui concerne la survenue d’un nouvel infarctus ou d’un trouble du rythme. Une étude américaine menée par ECG et scintigraphie a confirmé un moindre besoin en oxygène lors du sauna, qu’au cours d’un exercice physique (marche, jogging…).
Une amélioration de l’arythmie.
Quant à l’insuffisance cardiaque, des Japonais ont rapporté un bénéfice hémodynamique après des séances de sauna. Mais N. Kruger rappelle que le sauna nippon n’est qu’à 60 °C contre 90-100°C en mode finlandais. Une étude randomisée menée auprès de 30 sujets atteints d’insuffisance cardiaque (stade NYHA II ou III) et ayant plus de 200 contractions ventriculaires prématurées par jour montre une amélioration de l’arythmie. Le traitement proposé à 20 d’entre eux (les 10 autres servant de témoins) était, cinq fois par semaine, de réaliser une séance de 15 minutes suivie de 30 minutes de repos. Deux autres études, chez des patients insuffisants cardiaques, suggèrent également une amélioration de la fonction cardiaque pour l’une et de la fraction d’éjection ventriculaire gauche pour l’autre, avec amélioration de l’épreuve de marche. La validité de ces travaux est limitée par la petite taille des échantillons ou leur courte durée, entre autres. Même reproche est fait aux enquêtes suggérant une bonne tolérance par les sujets hypertendus, voire une baisse des chiffres tensionnels.
Les risques connus sont également détaillés par l’auteur. « L’événement le plus grave est la mort subite durant, ou dans les 12 heures qui suivent, le sauna. Elle reste le plus souvent due à une maladie cardiovasculaire non diagnostiquée. » Le risque en est très limité. En Finlande, sur 6 175 décès en une année, 102 (1,7 %) sont survenus dans les 24 heures après un sauna. Il s’agissait pour l’essentiel d’infarctus du myocarde dans un contexte d’alcoolisme, ou bien d’accidents (alcool, noyade). Des données très similaires sont mises en évidence dans d’autres études scandinaves.
Si un patient bien équilibré au plan cardiovasculaire peut s’adonner au sauna, chez qui le contre-indiquer ? L’auteur y répond : en cas de sténose aortique sévère, d’angor instable, d’infarctus du myocarde récent, d’AVC transitoire ou pas. Arythmie et insuffisance cardiaque décompensée se présentent comme des contre-indications relatives. Enfin, la prudence est de mise en cas d’hypotension orthostatique chez les sujets âgés. L’alcool doit être évité en raison du risque de malaise.
La conclusion est que si les sujets atteints d’une maladie cardiovasculaires contrôlée et stable peuvent se faire transpirer dans les limites du raisonnable, une éventuelle action thérapeutique reste à démontrer.
La Presse Médicale, octobre 2011, tome 40, n° 10, pp.895-899.
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