Les femmes ont un risque plus élevé que les hommes de décéder à la suite d'une prise en charge urgente pour choc cardiogénique consécutif à un infarctus du myocarde. Ce sont les résultats d'une étude rétrospective présentés par les chercheurs de l'hôpital universitaire de Copenhague lors du congrès « ESC Acute CardioVasculaire ». En cause : la mauvaise reconnaissance du choc cardiogénique et de l'infarctus du myocarde chez la femme.
Jusqu'à 10 % des patients ayant un infarctus sont concernés par le choc cardiogénique, et seulement la moitié d'entre eux survivent. L'étude danoise se base sur les données d'hospitalisation accumulées entre 2010 et 2017 dans deux centres spécialisés dans la prise en charge des chocs cardiogéniques.
Les chercheurs ont regardé les caractéristiques des patients, les types de traitement, la mortalité à 30 jours, ainsi que la mortalité à long terme de 1 716 patients admis à la suite d'un infarctus. Environ 26 % étaient des femmes, en moyenne plus âgées que les hommes inclus (71 ans contre 66). Hormis cette différence d'âge, « les femmes et les hommes de notre étude partageaient les mêmes caractéristiques cliniques au moment de l'infarctus », explique le premier auteur de l'étude, le Dr Sarah Holle.
Quelques spécificités cependant : l'hypertension artérielle et la bronchopneumopathie chronique obstructive étaient plus fréquentes chez les femmes. Les femmes avaient en outre significativement plus de risque d'être traitées dans un hôpital local plutôt que dans un centre expert (41 % contre 30 %) et les hommes de ne pas être à l'hôpital lors de l'infarctus (48 % contre 25 % des femmes).
Moins bien prises en charge
En ce qui concerne la prise en charge, la différence est systématiquement en faveur des hommes : 19 % des femmes seulement ont bénéficié d'une assistance circulatoire contre 26 % des hommes, 83 % ont bénéficié d'une procédure mini-invasive de revascularisation (contre 88 % des hommes) et 67 % ont bénéficié d'une ventilation mécanique (contre 82 % des hommes).
Cela n'est pas sans conséquences : la survie à 30 jours des femmes était significativement plus basse (38 % chez les femmes contre 50 % chez les hommes). Après un suivi médian de 8,5 ans, 27 % des femmes étaient toujours vivantes, contre 39 % des hommes.
À la suite d'une analyse multivariée et d'une analyse basée sur l'âge et les différents facteurs de risque, il ressort que le sexe est bien associé à une dégradation de la prise en charge. « Il est difficile, de par le caractère rétrospectif de notre étude, de savoir comment les médecins ont pris leurs décisions, insiste le Dr Holle. Mais nos données montrent que plus les médecins étaient sensibilisés à la possibilité d'un choc cardiogénique et d'un infarctus du myocarde chez la femme, plus les chances de survie étaient équilibrées entre les hommes et les femmes. »
Par ailleurs, pour le Dr Holle, les preuves s'accumulent à montrer « que les femmes sont plus susceptibles de présenter des symptômes non spécifiques telles que dyspnée, nausées et vomissements, toux, fatigue, lombalgies ou encore douleurs à la mâchoire et dans le cou ».
Ces symptômes peu spécifiques et mal connus pourraient être à l'origine de la différence de traitement entre hommes et femmes. Cela expliquerait pourquoi des spécialistes de l'infarctus et du choc cardiogénique sont moins souvent impliqués dans la prise en charge des femmes. « Les recommandations se basent sur des études dans lesquelles les recrutements de patients étaient majoritairement masculins, ajoute le Dr Holle. De nouvelles études seront nécessaires pour déterminer si les femmes et les hommes souffrant de choc cardiogénique pourraient bénéficier de prises en charge différentes. »
La dyspnée et la fatigue associées à davantage de facteurs de risque
Le lien étroit entre la nature des symptômes et les chances de survies a d'ailleurs été confirmé par une étude présentée lors du même congrès de l'ESC. Selon les résultats issus d'un registre national portugais et présentés par le Dr Paulo Medeiro de l’hôpital de Braga, 76 % des patients victimes d'un infarctus du myocarde sans élévation du segment ST présentant une dyspnée ou une fatigue étaient toujours vivants au bout d'un an, contre 94 % des patients dont le symptôme prédominant était la douleur thoracique.
« La dyspnée et la fatigue extrême sont plus communes chez les femmes, les personnes âgées, les diabétiques et les personnes atteintes d'insuffisance rénale ou d'affections pulmonaires », explique le Dr Medeiro. Au final, « notre étude ne permet pas de conclure que les patients ayant des symptômes atypiques ont un plus mauvais pronostic, mais il est en revanche clair qu'ils cumulent davantage de facteurs de risque », résume le Dr Medeiro.
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