Si le sport-santé est une évidence en 2020, il n’en a pas toujours été ainsi… L’automobile, la télévision, puis l’informatique ont littéralement « assis » l’humanité, réduisant drastiquement notre dépense calorique quotidienne. Les Français passent souvent plus d’une heure par jour dans les transports et le temps moyen consacré aux écrans est actuellement supérieur à 50 heures par semaine. Dans le même temps, notre apport calorique a augmenté de façon spectaculaire, créant un déséquilibre responsable d’une véritable pandémie de facteurs de risque (diabète, hypertension artérielle, excès de cholestérol), permanente et largement plus meurtrière que celle, tragique, du Covid-19.
Les Français ne font pas partie des peuples les plus sportifs, mais il existe actuellement une prise de conscience collective. Le sport-santé se développe, de façon inédite, autant chez les femmes que les hommes et plus nettement à partir de 40 ans.
Un effet sur la réduction de la mortalité
Le développement de l’épidémiologie anglo-saxonne dans les années 1950 a confirmé que les individus s’adonnant à une activité physique sont moins malades et meurent plus tardivement que leurs homologues sédentaires. Il existe un parallélisme entre la capacité physique (VO2 Max) et l’espérance de vie. Plus vous êtes en forme et plus vous avez de chance de vivre longtemps, et ce quel que soit votre âge (1). Les méta-analyses plus récentes montrent que la pratique d’une activité physique régulière diminue la mortalité de 30 à 35%, et allonge l’espérance de vie de 0,4 à 7 ans en moyenne. Dans l’ensemble, les hommes non-fumeurs, non-obèses et physiquement actifs vivent 12 ans de plus que leurs homologues ne satisfaisant pas à ces critères (2). Présentée au congrès de l’ACC 2020, une étude récente a suivi 13 344 sujets pendant 8 ans (3). Elle met en évidence une mortalité annuelle de 6,4/1000 chez le tiers d’hommes les moins en forme, contre 1,8/1000 pour le tiers le plus entrainé. L’écart est comparable, voir plus important, chez les femmes (4 vs 0,8/1000) [4].
Avec un suivi de 6,9 ans, une étude internationale menée dans 17 pays, chez 141 945 sujets âgés de 35 à 70 ans, révèle également que la mortalité diminue au prorata du nombre de minutes d’activité physique par semaine, quelle que soit la nature de l’activité ou la richesse du pays considéré (5).
Objets connectés et moyen de transport
La plupart des enquêtes épidémiologiques sur le sport et l’activité physique sont fondées sur le résultat de questionnaires. Elles dépendent donc de l’honnêteté et de la perception subjective des participants, qui surestiment souvent leur activité. L’usage d’accéléromètres, ou des compteurs de pas des smartphones, permet désormais d’obtenir des mesures quantifiées et fiables. A titre d’exemple, une étude réalisée sur 16 741 femmes (âgées en moyenne de 72 ans et suivies 4,3 ans) indique que la mortalité diminue au prorata du nombre de pas marchés chaque jour. Si elle est significativement plus basse pour 4400 pas que pour 2700, le bénéfice maximal est atteint à environ 7500 pas/jour (6).
Le vélo, utilisé comme moyen de transport pour se rendre au travail, diminue de 40% le risque de mortalité dans une étude danoise, portant sur plus de 30 000 personnes suivies pendant 14,5 ans (7). Une étude britannique menée sur 263 450 sujets (âge moyen 52 ans, 5 ans de suivi) confirme que les déplacements effectués à pieds ou en vélo, même associés à un moyen de transport mécanisé, abaissent le risque de mortalité toutes causes et de survenue d’un cancer (8).
Une influence sur le moral des troupes
D’après une étude américaine sur 1 237 194 sujets de plus de 18 ans, les personnes faisant de l’exercice ont 43 % de « mauvais jours » en moins par rapport aux sédentaires. Si toutes les activités physiques sont efficaces, les sports d’équipe et d’endurance, le cyclisme et la gymnastique le sont tout particulièrement, pour des séances de 45 minutes 3 à 5 fois/semaine (9). Enfin, une méta-analyse de 33 études, avec 1877 participants, établit que l’entrainement en résistance (musculation, renforcement musculaire) diminue significativement les symptômes dépressifs (10).
Gardez le rythme !
- Un quart d’heure d’activité physique par jour est mieux que rien, le bénéfice-santé est déjà significatif
- L’idéal est une heure par jour : 2/3 cardio, 1/3 renforcement musculaire
- Les recommandations américaines de 2019 préconisent par semaine : 150 à 300 min d’activité physique modérée ou 75 à 150 min d’activité aérobie intense et 2 séances de renforcement musculaire
- La marche et le vélo sont à privilégier pour aller travailler
- Les mesures objectives (compteur de pas, fréquence cardiaque) sont les bienvenues
1. Blair SN et al. JAMA. 1989 Nov 3;262(17):2395-401.
2. Reimers CD et al.J Aging Res. 2012;2012:243958.
3. Damludji A. et al, congrès ACC 2020
4.Jensen MT et al. Br J Sports Med. 2017 Sep;51(18):1364-1369.
5. Lear S.A. et al. Lancet. 2017 Dec 16;390(10113):2643-2654.
6. Lee I-M. et al. JAMA Intern Med. 2019;179(8):1105-1112.
7. Andersen LB et al. Arch Intern Med. 2000 Jun 12;160(11):1621-8.
8. Celis-Morales C.A. et al. BMJ 2017
9. Chekroud S.R. et al. The Lancet Psychiatry August 2018
10. Gordon B.R. et al. JAMA Psychiatry. 2018;75(6):566-576.
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