Le phénomène d’élévation de la troponine chez les sportifs pourrait être causé par une anomalie dans le muscle cardiaque, selon des chercheurs du Centre médical de l'Université Radboud de Nimègue (Pays-Bas). Après une activité physique intense, les niveaux de troponine augmentent et servent ainsi de biomarqueurs de lésion du myocarde. L’élévation est plus ou moins forte selon les individus, précise l’étude Treat publiée dans le Journal of the American College of Cardiology.
Dans de précédents travaux, l’équipe avait montré – chez des athlètes amateurs pratiquant la marche sur longue distance – que plus les taux de troponine étaient élevés après l’exercice, plus le risque à moyen et long terme d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral ou de décès prématuré augmentait. Les chercheurs pariaient alors sur un lien avec l’athérosclérose coronaire. Pourtant, dans cette nouvelle étude, après avoir mené des observations chez des coureurs, des marcheurs et des cyclistes, ils concluent que la cause de l’élévation n’est pas un rétrécissement des artères coronaires, mais plutôt de possibles anomalies du muscle cardiaque.
Aucune différence significative sur la prévalence et la gravité de l’athérosclérose
Les chercheurs ont collaboré avec 1 017 athlètes néerlandais âgés en moyenne de 56 ans pratiquant la course (n = 398), la marche (n = 497) et le cyclisme (n = 122) en amateur. Ils ont mesuré les taux de troponine des athlètes avant et après un effort (40 km de marche ou 120 km de vélo ou 15 km de course) et ont ensuite comparé la santé cardiaque de ceux présentant les taux les plus élevés et ceux présentant les taux les plus faibles. Les taux moyens à l’inclusion étaient de 5,8 ng/l et après l’effort de 14,3 ng/l [8,6-23,1].
Les auteurs ne retrouvent aucune différence significative concernant la prévalence ou la gravité des anomalies coronariennes dans les deux groupes de troponine. Un résultat « frappant », selon les scientifiques. L’équipe en conclut ainsi que ce n’est pas l'athérosclérose coronarienne qui entraîne des taux élevés de troponine dans le sang à l’occasion d'un effort.
Ayant ainsi écarté la piste de l’athérosclérose, les scientifiques évoquent, dans un communiqué de presse du Radboud, une autre hypothèse pouvant expliquer l’élévation de la troponine. « Nous savons que les efforts intenses endommagent le muscle cardiaque. C’est donc peut-être là qu’il faut chercher la cause », suggèrent-ils. En effet, des travaux antérieurs avaient déjà montré que les cardiomyocytes des marathoniens pouvaient « fuir », « permettant à de petites molécules telles que les troponines de s’échapper dans la circulation sanguine », rapportent les scientifiques.
En conséquence, les chercheurs entendent continuer le suivi sur plusieurs années des participants à l'étude afin de mieux comprendre le lien entre les niveaux élevés de troponine après l'exercice et le risque cardiaque, dans l’objectif de « permettre une détection précoce ».
Cœur des femmes athlètes : un volume ventriculaire plus élevé
Sous l’effet de l’exercice physique de grande intensité, le cœur des femmes athlètes de haut niveau se remodèle et le volume ventriculaire augmente, sans épaississement notable de la paroi cardiaque, d’après une nouvelle étude. Par rapport à la population générale, les sportives de haut niveau avaient un ratio volume télédiastolique gauche/surface corporelle (SC) plus élevé de 57 % et un ratio masse ventriculaire gauche/SC 11 % plus important. Quant au volume télésystolique, il était plus élevé de 94 % et 64 % respectivement pour les ventricules gauche et droit. Les hommes athlètes de haut niveau voient aussi leur cœur changer mais pour eux, cela s’exprime par un épaississement marqué de la paroi cardiaque comme dans les pathologies cardiovasculaires.
Agathe Delepaut
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