« UNE RECHERCHE supplémentaire sera nécessaire pour valider notre nouveau test, mais il se montre extrêmement prometteur pour identifier certaines personnes à risque de mort subite chez lesquelles des mesures préventives comme l'implantation d'un défibrillateur peuvent être salutaires », souligne le Dr Jeffrey Saffitz (Boston) qui a dirigé le travail.
La dysplasie ventriculaire droite arythmogène (DVDA) est une maladie héréditaire, associant une arythmie ventriculaire, avec syncopes et mort cardiaque subite, et une insuffisance cardiaque. Touchant environ une personne sur 5 000 dans le monde, elle est particulièrement fréquente dans les pays méditerranéens. Elle se manifeste rarement avant l'adolescence. « Chez de nombreux individus, il n'y a aucun symptôme ou signes prémonitoires. La première et seule manifestation est la mort subite », précise le Dr Saffitz.
Remplacé par du tissu fibrograisseux.
L’élément pathologique le plus manifeste est la perte du myocarde ventriculaire droit, progressivement remplacé par du tissu fibrograisseux. Des mutations des gènes encodant des protéines desmosomiales (desmoplakine, plakoglobine, plakophiline 2, desmocolline 2, et desmogléine 2) ont été identifiées chez 40 % des patients. Les desmosomes sont des structures permettant la jonction entre les cardiomyocytes. On suppose que dans des conditions de stress mécanique, l'altération des desmosomes peut entraîner le détachement des myocytes, leur mort ainsi qu’une inflammation. Étant donné la capacité limitée de régénérescence des cardiomyocytes, ils sont remplacés par du tissu fibrograisseux.
Malgré ces progrès dans la compréhension de la pathogenèse et de la génétique de la DVDA, le diagnostic demeure problématique. En effet, la présentation clinique est très variable, la pénétrance génétique est souvent faible, l'analyse génomique reste un outil de recherche. La biopsie endomyocardique n'est guère utile. De même, l'IRM, l'ECG et l'échocardiographie ne sont utiles qu'au stade avance.
Le signal de la plakoglobine.
Il y a quelques années, le Dr Saffitz et ses collègues ont découvert que le signal immunoréactif de la plakoglobine (ou gamma-caténine), une protéine desmosomiale, était fortement diminué aux jonctions entre les myocytes cardiaques. Asimaki, Saffitz et coll. ont donc recherché si cette diminution pouvait servir de biomarqueur.
Ils ont testé des échantillons myocardiques (biopsie ou autopsie) de 11 patients, dont 8 portant des mutations génétiques des desmosomes ; ainsi que de 10 témoins indemnes et de 15 porteurs d'autres cardiomyopathies. Leurs résultats montrent une réduction marquée du signal immunoréactif de la plakoglobine de façon diffuse (y compris dans le ventricule gauche et le septum interventriculaire), uniquement chez les sujets atteints. Ensuite, les chercheurs ont effectué une analyse immunohistochimique, en aveugle, de biopsies du cur provenant du registre des DVDA de l'université Johns Hopkins. Ce qui donne une sensibilité de 91 %, une spécificité de 82 %, une valeur prédictive positive de 83 % et une valeur prédictive négative de 90 %.
« Nous avons développé un nouveau test qui semble être extrêmement sensible et spécifique de la DVDA. Il apparaît particulièrement efficace dans l’identification précoce de la maladie, avant la survenue de lésions myocardiques importantes », explique au « Quotidien » le Dr Saffitz. « Ces résultats doivent être confirmés. Ce test requiert une biopsie cardiaque, procédure invasive mais relativement sûre. Jusqu'ici, ces biopsies étaient peu utiles au diagnostic car elles n'étaient positives qu’à un stade avancé. »
« La principale indication du test portera sur les sujets jeunes qui déclarent un trouble du rythme et chez qui le diagnostic n'est pas clair. La majorité de ces individus n'auront probablement pas de DVDA, mais ce test permettra d'écarter le diagnostic. Il pourra également être utile en dépistage dans les familles atteintes ».
New England Journal of Medicine 12 mars 2009, p 1075.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024