L’INSUFFISANCE CARDIAQUE est une pathologie grave où l’observance du patient et surtout sa capacité de réaction adaptée vis-à-vis de sa maladie ou de son traitement joue un rôle crucial, notamment en termes de qualité de vie (1). Cette observance passe par une formation du patient vis-à-vis de sa maladie et de son traitement. L’éducation thérapeutique est en effet l’un des éléments indispensables d’une prise en charge de qualité. Elle est en particulier ressentie comme extrêmement bénéfique par les patients, chez lesquels elle permet d’améliorer les connaissances en matière de traitement, mais aussi de diminuer les séjours hospitaliers évitables par l’acquisition ou le renforcement de compétences adaptées (consultation précoce, suivi des règles hygiéno-diététiques…).
L’insuffisance cardiaque est par ailleurs une maladie fréquemment associée à des comorbidités plus ou moins invalidantes qui nécessitent parfois des prises en charge spécifiques et qui altèrent la plupart du temps la qualité de vie des patients.
L’amélioration de la qualité de vie des patients, en plus de l’amélioration de leur survie, fait partie des objectifs de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque (2). Les recommandations de la société européenne endossées par la Société française de cardiologie ainsi que les recommandations de prise en charge de l’insuffisance cardiaque du patient âgé réalisées en commun par la SFC et la Société française de gériatrie et de gérontologie font de la qualité de vie un élément important dans la prise en charge du patient. Il s’agit en effet de paramètres de la prise en charge, au même titre l’allongement de l’espérance de vie, le remodelage cardiaque, la stimulation neurohormonale, la rétention hydrique ou la dysfonction rénale par exemple.
Une évaluation non consensuelle.
La mesure de la qualité de vie chez les insuffisants cardiaques peut faire appel à des outils variés, génériques ou spécifiques (3). Les travaux publiés en ce domaine souffrent malheureusement d’un manque de consensus sur l’analyse de la qualité de vie ainsi que sur les facteurs susceptibles d’exercer sur elle une influence, positive ou négative. Les critères même de l’insuffisance cardiaque sont apparus variables d’une étude à l’autre dans les différents travaux portant sur l’évaluation des différents questionnaires utilisés. En effet, la qualité de vie n’est pas ressentie de façon univoque en fonction du pays, de l’âge, du sexe et de l’activité sociale ou professionnelle. L’établissement d’un référentiel commun minimal pourrait permettre une meilleure homogénéité des publications et favoriser une approche scientifique de la qualité de vie et par là même une meilleure analyse et prise en compte de celle-ci chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque.
Un apport majeur.
Afin de préciser les outils les plus adaptés à son évaluation, N. V. Sneed et coll. ont entrepris une étude pilote destinée à comparer le SF-36 (Medical Outcomes Study Short Form-36), le LHFQ (Minnesota Living with Heart Failure Questionnaire) et une échelle visuelle analogique (4). Cette étude pilote monocentrique qui a porté sur 30 patients a montré que le questionnaire SF-36 semble avoir la meilleure discrimination concernant les aspects physiques et mentaux de la qualité de vie en cas d’insuffisance cardiaque.
L’éducation thérapeutique et la prise en charge multidisciplinaire du patient insuffisant cardiaque devraient se développer dans un futur proche et gagner rapidement ses lettres de noblesse. Ce nouveau mode de prise en charge doit actuellement faire partie des soins de première importance (recommandation IA de la Société européenne de cardiologie). Son importance a été rappelée dans la loi. Elle est un élément clef pour améliorer la qualité de vie des patients. La société française de cardiologie, a créé une commission spécifique quant à l’éducation thérapeutique du patient afin de permettre son développement en routine et l’accès de tout patient à une offre éducative de qualité.
Enfin, selon les conclusions d’une étude très récente, la qualité de vie est un facteur pronostique important en cas d’insuffisance cardiaque (6).
D’après un entretien avec le Pr Patrick Jourdain (Unité thérapeutique d’insuffisance cardiaque, centre hospitalier René-Dubos, Pontoise).
Références
(1) Strömberg A. The crucial role of patient education in heart failure. Eur J Heart Fail 2005 ; 7 (3) : 363-9.
(2) Jondeau G, et coll. Recommandations pour le diagnostic et le traitement de l’insuffisance cardiaque congestive. Arch Mal Coeur Vaiss 2006 ; 99 (2) : 11-79.
(3) Johansson P, et coll. Measurement of health-related quality of life in chronic heart failure, from a nursing perspective-a review of the literature. Eur J Cardiovasc Nurs 2004 ; 3 (1) : 7-20.
(4) Sneed NV, et coll. Evaluation of 3 quality of life measurement tools in patients with chronic heart failure. Heart Lung 2001 ; 30 (5) : 332-40.
(5) Martin M, et coll. Health-related quality of life of heart failure and coronary artery disease patients improved during participation in disease management programs: a longitudinal observational study. Dis Manag 2007 ; 10 (3) : 164-78.
(6) Hole T, et coll. Improved quality of life in Norwegian heart failure patients after follow-up in outpatient heart failure clinics: results from the Norwegian heart failure registry. Eur J Heart Fail 2010 [en ligne : doi 10.1093/eurjhf/hfq156]
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