Aux États-Unis, vers la fin des croisades en faveur de prescriptions trop généreuses d'opiacées ?

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Publié le 07/02/2018
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Dans une étude rétrospective d’une immense cohorte dirigée par le département de Chirurgie de Harvard (Dr GA. Brat et coll.), publiée dans le « BMJ », les auteurs ont réévalué les effets indésirables des protocoles antalgiques post-chirurgicaux, sans complaisance.

Sur une population au départ vierge de toute prescription antérieure d’opiacés, les dérives d’utilisation, voire de surdosage de ces produits, ne sont pas exceptionnelles après une intervention chirurgicale. En croisant des données de « big data » les chercheurs ont pu étudier plus d’un demi-million d’opérés et corréler le profil des prescriptions d'opiacés postopératoires (intensité, durée…) et la survenue ultérieure d’effets indésirables graves sur des patients au départ indemnes : dépendance, surdosage fatal ou non, toxicomanie…

Posologie et durée

Le risque de survenue de tels défauts d’utilisation des opiacés est d’un peu moins d’un pour cent, ce qui est loin d’être négligeable. En poussant l’analyse plus loin, il apparaît que ces dérives d’utilisation sont près de 50 % plus fréquentes si la prescription postopératoire s’est poursuivie une semaine de plus. Et toujours en cas de prolongation de cette durée, le taux des accidents les plus graves augmente d’environ 20 %. Au total, à une époque où « l’épidémie opiacée » – comme l'ont baptisée les États-Unis – a été déclarée priorité nationale de santé publique, la conclusion qui s’impose aux auteurs est de réduire à leur plus simple expression les prescriptions postopératoires d’opiacés, en termes de posologie et encore plus en termes de durée.

« Post opérative prescriptions for opioïd naïve Patients. » Dr GA. Brat et coll. BMJ 2018 ; 360 : j5790 janvier 2018


Source : lequotidiendumedecin.fr