Vers un traitement personnalisé des fractures

Des cellules immunes ralentissent la consolidation osseuse

Publié le 25/03/2013
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Crédit photo : PHANIE

LA GUÉRISON d’une fracture est retardée ou incomplète chez environ 5 à 15 % des patients, une complication qui nécessite des interventions supplémentaires et entraîne un coût socio-économique élevé. Certains facteurs peuvent retarder la consolidation (traumatisme sévère, l’âge, les corticoïdes, ou le diabète). Étudiant un petit groupe de patients ayant une fracture de la tête du tibia, une équipe allemande a examiné quelle était la relation entre l’immunité adaptative de l’individu et l’évolution de la consolidation de la fracture (retardée chez 7 patients et normale chez 8 patients, selon la radiographie 18 semaines après).

Les TEMRA.

Ils ont découvert qu’une consolidation retardée était corrélée à des taux sanguins accrus d’un sous-groupe de lymphocytes T mémoire (lymphocytes T effecteurs mémoires CD8 + en différenciation terminale, ou TEMRA), une expansion cellulaire qui était durable et reflétait donc l’exposition chronique aux organismes pathogènes de l’environnement plutôt qu’une réaction à la fracture. Ces cellules (TEMRA CD8 +) ont été trouvées en abondance dans l’hématome de la fracture, l’un des stades les plus précoces de la consolidation ; elles inhibent la différenciation des cellules souches adultes en ostéoblastes (ostéogenèse) par la production de cytokines inflammatoires (TNF-alpha et IFN-gamma).

Sur un modèle murin cliniquement pertinent, le traitement par un anticorps monoclonal éliminant les cellules T CD8 + améliore la consolidation de la fracture osseuse. À l’inverse, l’injection locale de cellulesT CD8 + ralentit la consolidation osseuse.

"Ces données démontrent donc l’impact élevé du profil de l’immunité adaptative d’un individu sur la régénération osseuse. La quantification des cellules TEMRA CD8 + pourrait offrir un marqueur prédisant l’évolution de la cicatrisation et ouvrir la voie à de nouvelles stratégies précoces d’intervention ciblées", concluent les chercheurs.

Science Translational Medicine, 20 mars 2013, Reinke et coll.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9229